A la uneSur la braise

Dans le cadre de sa stratégie de riposte contre la COVID- 19, le président sénégalais, Macky Sall, a entrepris au profit de son pays, en attendant la mise en œuvre de l’initiative COVAX, de mener une politique bilatérale avec la Chine, précisément avec la firme chinoise SINOPHARM. C’est ainsi que 200 000 doses ont été mises à la disposition du Sénégal, avec une contrepartie financière de plus de 2 milliards de FCFA.

Cette campagne vaccinale a démarré le 22 février dernier, les groupes cibles étant, selon le président sénégalais lui-même, le personnel de la santé et de l’action sociale, les personnes de plus de 60 ans et celles présentant des « comorbidités ». Plus de 3 millions de personnes sont visées par cette campagne, alors que la population totale sénégalaise est estimée à près de 17 millions. Selon les statistiques récentes du ministère sénégalais de la Santé, 31 771 personnes ont été, au total, contaminées par le virus, pour 26 095 cas guéris et 769 morts enregistrés.

Ainsi, le président Macky Sall devient le leader, en matière de campagne vaccinale contre la COVID-19 en Afrique de l’Ouest. Il est normal de lui reconnaître cette qualité, d’autant que la préoccupation de prémunir les populations contre la pandémie, ne semble pas la chose la mieux partagée dans certaines contrées africaines, surtout dans les pays où sévissent la guerre et l’instabilité politique.

Certes, le nombre de doses reste insuffisant, au regard des ambitions du président sénégalais qui envisage, pour ce faire, de multiplier les initiatives. Mais si cela peut paraitre pour les pays développés « un petit pas », il constitue pour la plupart des pays d’Afrique subsaharienne, un « pas de géant » dans cette croisade qui s’annonce longue, onéreuse et fastidieuse, contre la propagation de la pandémie.

Toute campagne vaccinale en Afrique subsaharienne devra s’accompagner d’un dispositif juridique

Cependant, rien ne sert de commencer dans un délai raisonnable une campagne vaccinale. Il faut y mettre toute la rigueur nécessaire, afin que les doses profitent effectivement aux groupes cibles, dans la phase actuelle de la campagne vaccinale, sans un quelconque laxisme ou favoritisme.

Prenons, à cet effet, l’exemple de la campagne vaccinale marocaine contre la COVID-19, au cours de laquelle certains comportements déplorables avaient commencé à entacher la bonne marche de la campagne, vers la fin de ce mois de janvier. Pour y faire face, les autorités marocaines avaient décidé d’agir sans complaisance. C’est ainsi que deux cadres, responsables de la campagne vaccinale, avaient été suspendus de leur travail, après que huit personnes inéligibles à la vaccination ont reçu un vaccin. Aussi une enquête avait-elle été ouverte, pour faire la lumière sur les faits et circonstances entourant cet incident. A ce sujet, une certaine opinion avait trouvé cette action disproportionnée. C’est parce qu’évidemment, en Afrique, les pratiques de népotisme paraissent pour certains, presque normales.

Cela dit, toute campagne vaccinale en Afrique subsaharienne devra s’accompagner d’un dispositif juridique, à même de bien encadrer la distribution efficace et équitable des doses. Cela évitera les pratiques de népotisme qui sont légion dans nos administrations en général et dans nos structures sanitaires en particulier.

 

Monique NARE