Parmi les voisins de la République centrafricaine, deux pays sont particulièrement concernés par cette crise : le Congo et le Tchad. Comment voit-on cette crise du côté de ces deux partenaires traditionnels de la Centrafrique ? Quelques éléments de réponse.

En tant que président en exercice de la CEEAC, Denis Sassou Nguesso consulte les chefs d’États membres et notamment le Rwandais Paul Kagame qui vient d’envoyer des troupes à Bangui, explique une source diplomatique à Brazzaville, pas étonnée de voir la situation dégénérer.

François Bozizé a été reçu il y a quelques semaines par Denis Sassou Nguesso. « Et on sentait chez lui la rage », confie encore ce diplomate à Brazzaville. Le président congolais lui aurait alors intimé « de ne pas mettre le feu à la maison ». Ce diplomate assure en revanche que contrairement aux rumeurs, il n’y a pas eu de coup de fil récent entre François Bozizé et le chef de l’État du Congo.

Ingérences…

Côté tchadien, on regarde la crise actuelle avec beaucoup d’inquiétudes également et on se dit lassé par la classe politique centrafricaine. C’est ce qu’affirme en tout cas une source officielle à N’Djamena. Là aussi, on tient à démentir les rumeurs : il n’y a aucun soldat tchadien engagé en Centrafrique. Aucune rencontre ni avec François Bozizé, ni avec ses émissaires. Mais cet officiel explique en revanche que son pays est opposé à toute ingérence étrangère, référence sans doute à l’intervention du Rwanda. Pour lui, seules l’Union africaine et la CEEAC sont en droit d’intervenir.

Un observateur avisé de l’Afrique centrale confirme cette inquiétude sur les ingérences et notamment « sur les tractations entre le président Touadéra et ses amis russes ».

Le président Touadéra inflexible

Pour le président Faustin Archange Touadéra, pas question de report ou d’ouvrir la brèche vers une nouvelle transition. Il estime que la campagne peut se poursuivre, en dépit de la crise sécuritaire, et reste inflexible sur la tenue des élections le 27 décembre, pour rester dans les clous de la Constitution. Il l’a redit au cours d’un point de presse ce lundi 21 décembre.

Le 27 [décembre], nous allons aux élections. Maintenant que nous avons retrouvé l’ordre constitutionnel, on doit maintenir cet ordre-là pour la démocratie […] Négocier ? Comment ? Sous quelle forme ? Vous voyez bien que là, nous avons des attaques, que nous n’avons pas le temps de négocier. On ne sait pas avec qui négocier.

Faustin Archange Touadéra, président de la République centrafricaine

Envoi de troupes rwandaises

De son côté, le président rwandais Paul Kagame s’est exprimé au sujet de l’envoi de troupes rwandaises en Centrafrique. Lors d’une conférence de presse virtuelle, dans l’après-midi de ce lundi 21 décembre, il a donné des précisions sur le mandat des troupes récemment envoyées à Bangui, dans le cadre d’un accord bilatéral avec la République centrafricaine, et non sous mandat de l’ONU. La décision a été prise sur la base d’informations selon lesquelles le contingent rwandais de la Minusca, fort de plus de 1 600 militaires et policiers, serait pris pour cible par des groupes armés.

« Les règles d’engagement des forces déployées dans le cadre de la mission des Nations unies sont différentes de celles qui s’appliquent à des forces déployées, dans des circonstances différentes ou selon un mandat différent. Dans ce cas précis, nous avons une coopération bilatérale avec la République centrafricaine. Nous avons estimé que dans le cadre de cet accord bilatéral et à l’invitation du gouvernement de la République centrafricaine, les règles d’engagement seront différentes. Elles nous permettront de protéger notre contingent pris pour cible par les groupes armés. Donc, les forces supplémentaires que nous avons envoyées, selon cet arrangement, doivent tout simplement nous permettre de nous assurer que nous pouvons contenir toute situation qui aurait pour but de perturber les élections ainsi que tout groupe qui voudrait cibler nos forces », a déclaré Paul Kagame.

Africa24monde avec Regard Sur l’Afrique



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