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un joueur de légende à la personnalité controversée s’en est allé

C‘est l’un des joueurs les plus charismatiques, les plus prolixes mais aussi les plus fantasques  de l’histoire du football qui a été foudroyé hier à son domicile à la périphérie de Buenos aires, par une attaque cardiaque qui ne lui a laissé aucune chance, après qu’il a miraculeusement survécu à une intervention chirurgicale complexe pour un hématome au crâne, en début novembre. Le flamboyant numéro 10 de  l’Albiceleste (le surnom de l’équipe nationale d’Argentine) dont les dribbles et les frappes enrobées du gauche ont tenu la planète foot en haleine dans les années 80 tire donc sa révérence à soixante ans, laissant des souvenirs impérissables et des traces indélébiles chez tous les férus du ballon rond. La disparition de ce joueur phénoménal qui a marqué les esprits a entrainé, comme il fallait s’y attendre, un déluge d’éloges et de tristesse chez lui en Argentine où un deuil national de trois jours a été décrété, et partout ailleurs dans le monde, quand bien même la nouvelle génération n’a pas connu l’icône planétaire au moment où elle était la terreur des gardiens de but adverses. Qu’à cela ne tienne, les archives ont été ressorties en cette douloureuse circonstance, et les images d’un Maradona étincelant au mondial mexicain de 1986 ont tourné en boucle, de même que celles de ses multiples frasques sur le plan extra sportif. Car, si « El pibe de Oro » (le gamin en or) comme on le surnommait savait slalomer dans les défenses adverses et marquer des buts de la tête, des pieds et même de la main, il était connu aussi pour sa personnalité controversée et sa face sombre, avec des excès en tous genres et multipliant des dérapages en dehors des terrains. Consommateur d’alcool et de drogue dure alors qu’il était encore au sommet de son art, le champion du monde de 1986 a frôlé plus d’une fois la mort, notamment en 2004 après une crise cardiovasculaire, et en 2007 suite à une crise aigue d’hépatite. Il a survécu à toutes ces épreuves comme à tous ses déboires avec la justice italienne qui lui reprochait ses liens avérés ou fantasmés avec la mafia camorrienne. Accro à la cocaïne, à l’alcool et aux parties fines après son sacre mexicain de 1986, la star éternelle du football argentin avait perdu progressivement de son aura et de son talent. Il avait été par exemple suspendu 15 mois durant de toutes compétitions en mars 1991 et privé de coupe u monde en 1994, à chaque fois suite à des contrôles anti-dopage positifs. Ces déboires sur le terrain et ses nombreux ennuis de santé le contraindront à ranger les crampons en 1997, mais il ne s’éloignera pas pour autant des stades d’autant qu’il a été par la suite sélectionneur de l’Argentine, du Mexique et d’une équipe locale de son pays. Au total, c’est un homme dont la vie a oscillé entre grandeur et déchéance qui vient de disparaitre. Malgré tout, il restera à jamais ce joueur de légende, considéré dans son pays comme un héros éternel depuis qu’il a éliminé, à l’issue d’un mémorable quart de finale au stade Aztèque de Mexico en 1986 l’ennemi d’alors qu’était l’Angleterre, quatre ans seulement après la fameuse guerre des malouines qui avait opposé les deux pays. Diego Armando Maradona rejoindra au Panthéon du football mondial, Johan Cruyff, Manoel Francisco dos Santos dit  Garrincha,  Eusébio da Silva, Bruno Martini, Socrates Sampaio, qui ont tous, à quelques exceptions près, été eux aussi victimes de leurs succès et de leurs excès.

Hamadou Gadiaga