RDC : Défiance maximale au sommet de l’État



RDC : Défiance maximale au sommet de l’État

RDC : Défiance maximale au sommet de l’État

Bagarre au sommet pour la nomination de 3 juges à la cour constitutionnelle.

Le torchon brûle depuis plus de trois mois entre les membres de la coalition au pouvoir en République démocratique du Congo (RDC).
Il faut dire qu’entre les partisans du FCC (la plate-forme de l’ancien président Joseph Kabila) et ceux de Cach (qui soutient l’actuel président Félix Tshisekedi) les bisbrouilles ont été bien plus nombreuses que les lunes de miel depuis leur mariage de raison dans la foulée des élections du 30 décembre 2018. Des scrutins législatifs et présidentiel pour lesquels la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) n’a toujours pas voulu – ou pu – publier le moindre procès-verbal, contrairement à ce que prévoit la Constitution congolaise, jetant ainsi le doute – doux euphémisme – sur les résultats entérinés par la Cour constitutionnelle qui ont fait de Félix Tshisekedi le nouveau président de la RDC et sur la composition des deux chambres législatives.
Les présidents, les parlementaires nationaux et la Cour constitutionnelle sont justement les acteurs de cette nouvelle scène de ménage au sommet de l’État.
En effet, le 17 juillet dernier, le président Tshisekedi décidait de désigner par ordonnance non contresignée par le Premier ministre (kabiliste) trois nouveaux juges à la Cour constitutionnelle.
Une cour composée de neuf membres élus pour un mandat de 9 ans non renouvelable. La Constitution congolaise prévoit que trois de ces juges sont désignés par le président de la République de sa propre initiative, trois par le parlement réuni en Congrès et trois sont désignés par les membres du Conseil supérieur de la magistrature. Le texte dit encore que la Cour constitutionnelle est renouvelée par tiers tous les trois ans.
Deux lectures aux antipodes
Depuis la prise de ces ordonnances présidentielles, les deux alliés au sein de la coalition Cach-FCC se déchirent sur la légalité de ces ordonnances.
Acte légal et conforme à la Constitution selon la famille tshisekediste, qui met en exergue que deux des trois juges de la Cour ont “bénéficié” d’une promotion en étant désignés présidents à la Cour de cassation.
Souci majeur, le 4 août, ces deux juges (transfuges) ont refusé cette “promotion” lors la prestation de serments des juges de la Cour de cassation au motif que leur mandat à la Cour constitutionnelle était toujours en cours, apportant ainsi une solide rasade à la position des kabilistes qui jugent ces ordonnances inconstitutionnelles.
Depuis, c’est la foire d’empoigne entre les deux partenaires de la majorité dont le partenariat se relèvera très difficilement de ce énième affrontement.
La semaine dernière, le 13 octobre, le président du Sénat, Alexis Thambwe, et la présidente de la Chambre Jeanine Mabunda (tous deux kabilistes) s’étaient entretenus avec le président de la République. Objectif de cette rencontre, tenter d’aplanir le différend avant qu’il ne prenne encore plus d’ampleur. Au terme de cette rencontre, le président du Sénat, second personnage de l’État, avait expliqué que le message au président de la République était limpide, le parlement ne pouvait dans ce organiser la prestation de serment des nouveaux juges.
Coup d’accélérateur
Lundi 19 octobre en fin de journée, un communiqué de la présidence de la République annonçait, ce qui s’apparente à un brusque coup d’accélérateur, voire une tentative de passage en force, une prestation de serment des trois nouveaux juges au Parlement le mercredi 21 octobre. Le tout dans un communiqué signé par le directeur de cabinet faisant fonction. Ce mardi réponse du berger à la bergère. Les présidents de la chambre et du Sénat ont répondu à la présidence en rappelant le contenu de leur discussion de la semaine précédente et donc leur impossibilité d’organiser cette prestation de serment ce mercredi. Dans la foulée, 194 élus du parlement congolais ont envoyé une requête… à la Cour constitutionnelle pour qu’elle tranche ce litige. Fermant un peu plus la pote à une prestation de serment des trois nouveaux juges ce mercredi.
Ce bras de fer autour de la Cour constitutionnelle, actrice essentielle notamment lors de l’élection présidentielle, démontre les dissensions profondes entre les deux familles qui se partagent le pouvoir et le fossé qui s’est creusé entre ces deux clans.
En tentant ce passage en force, Tshisekedi savait qu’il prenait le risque de se brûler définitivement avec ses “alliés” de la Kabilie tout puissant au parlement. Ces derniers, en refusant de céder aux injonctions présidentielles savent qu’ils signent le premier acte d’un divorce qui va plonger le pays dans une zone de turbulence encore plus profonde moins de deux ans après le début d’une cohabitation née d’un  » acte notarial »- que plus personne ne conteste – signé sur le dos de la population.

Un des camps mordra la poussière ce mercredi et malheur au vaincu.

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Avec La Libre Afrique

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