Présidentielle en Côte d’Ivoire: un mort au dernier jour d’une campagne sous tension



Présidentielle en Côte d’Ivoire: un mort au dernier jour d’une campagne sous tension

Présidentielle en Côte d’Ivoire: un mort au dernier jour d’une campagne sous tension

De nouvelles violences en Côte d’Ivoire ont fait un mort dans la nuit de mercredi à jeudi, dernier jour de la campagne pour la présidentielle samedi dans un pays sous tension alors que l’opposition appelle à la « désobéissance civile » pour protester contre la candidature du chef de l’Etat Alassane Ouattara à un troisième mandat controversé.

L’ancien chef d’Etat Laurent Gbagbo, qui ne s’était pas exprimé publiquement depuis son arrestation en avril 2011, a affirmé jeudi que la Côte d’Ivoire allait vers « la catastrophe » et appelé au dialogue, dans une interview à TV5 Monde.

Depuis trois mois, violences et affrontements intercommunautaires ont fait une trentaine de morts dans ce pays d’Afrique de l’ouest de 25 millions d’habitants comptant une soixantaine d’ethnies et plusieurs millions d’immigrés, faisant craindre une nouvelle crise majeure dix ans après la crise post-électorale issue de la présidentielle de 2010 qui avait fait 3.000 morts.

Mercredi soir, un jeune commerçant a été poignardé à mort dans la commune populaire de Yopougon à Abidjan, et plusieurs véhicules incendiés, selon une source policière et un habitant.

L’opposition accuse le pouvoir de faire commettre meurtres et violences par des milices de « microbes », des loubards armés, pour tenter de casser son appel à la population à la « désobéissance civile » et au « boycott actif du processus électoral ».

Le pouvoir rétorque que ces miliciens, dont la présence a été mentionnée par des habitants dans plusieurs villes où se sont déroulées des violences meurtrières, sont orchestrés par l’opposition.

Quelque 35.000 membres des forces de l’ordre ont été déployés pour assurer la sécurité de l’élection.

A Abidjan, Bouaké, la deuxième ville du pays, et Korhogo, la grande ville du nord, l’activité était ralentie jeudi, jour férié en raison d’une fête musulmane, selon des journalistes de l’AFP.

Signe de la fébrilité ambiante, la vie nocturne à Abidjan s’est considérablement assagie ces derniers jours, et les rayons de certains supermarchés se sont vidés. De nombreux Abidjanais profitaient aussi du jour férié pour quitter la ville avant le scrutin.

– Pas de campagne de l’opposition –

Le parti au pouvoir doit clôturer sa campagne par une « parade » dans l’après-midi dans la grande commune populaire d’Abobo, réputée être un de ses fiefs électoraux, avec une intervention annoncée du président Ouattara.

Le candidat indépendant Kouadio Konan Bertin, 51 ans, outsider du scrutin, doit tenir de son côté un meeting suivi d’une parade dans la commune populaire de Koumassi.

L’opposition, incarnée par l’ex-président Henri Konan Bédié, 86 ans, chef du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), et Pascal Affi N’Guessan, 67 ans, chef d’une partie du Front populaire ivoirien (FPI), le troisième grand mouvement politique du pays, n’a pas fait campagne. Les deux hommes ne se sont pas encore formellement retirés du scrutin.

Ouattara et Bédié, vieux rivaux présents sur la scène politique ivoirienne depuis trois décennies, s’affrontent donc une nouvelle fois dans un pays où l’âge moyen est de 19 ans et où les trois quarts de la population ont moins de 35 ans.

L’opposition ivoirienne juge un troisième mandat « anticonstitutionnel ». Après avoir claironné en mars qu’il passait la main, Alassane Ouattara a fait volte-face en août, à la suite de la mort brusque de son dauphin désigné, le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly.

La présidentielle en Côte d’Ivoire fait craindre une nouvelle crise dans une région éprouvée par des attaques jihadistes incessantes au Sahel, un putsch au Mali et une contestation politique chez le géant voisin nigérian.

Outre la volonté d’Alassane Ouattara de se maintenir au pouvoir, l’opposition, accuse aussi de partialité la Commission électorale indépendante et le Conseil constitutionnel, « inféodés » au pouvoir selon elle et donc incapables de garantir un scrutin équitable.

La Constitution ivoirienne n’autorise que deux mandats présidentiels, mais l’adoption d’une nouvelle Constitution en 2016 a remis le compteur à zéro, selon Alassane Ouattara, qui se représente à 78 ans après ses victoires électorales en 2010 et 2015. Lui et son parti ont mené campagne tambour battant depuis deux mois dans tout le pays.

Crédité d’un bon bilan économique et d’une image de « bâtisseur » qui a reconstruit les infrastructures du pays, M. Ouattara assure vouloir, s’il est réélu, mettre l’accent sur la politique sociale, alors que 40% de la population vit encore sous le seuil de pauvreté.

En face, les dirigeants de l’opposition ont multiplié les conférences de presse à Abidjan, et laissé leurs militants organiser des actions éparses sur le terrain. L’opposition dénonce également la disqualification par le Conseil constitutionnel des candidatures de deux poids lourds politiques vivant à l’étranger : l’ex-président Laurent Gbagbo, 75 ans, et l’ex-chef de la rébellion et ancien Premier ministre Guillaume Soro.

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Avec La Libre Afrique

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