« La Nuit des rois » saluée au Festival du film francophone de Namur



« La Nuit des rois » saluée au Festival du film francophone de Namur

« La Nuit des rois » saluée au Festival du film francophone de Namur

Le film de l’Ivoirien Philippe Côte rend hommage à la puissance du conte et de l’art de la parole et pointe les ravages occasionnés par les luttes de pouvoir (extrait vidéo).

C’était le seul film d’Afrique subsaharienne en lice et il vient de remporter une mention spéciale dans le cadre du Festival international du film francophone (Fiff) de Namur, clos ce vendredi soir. Il faut préciser que La Nuit des rois***, long métrage de l’Ivoirien Philippe Côte, avait fait un premier passage remarqué, hors compétition, au Festival de Venise, début septembre.

Passionné des lieux et enjeux de pouvoir, le cinéaste investit une arène très originale: l’univers clos de la Maca, l’une des prisons les plus surpeuplées d’Afrique de l’Ouest, située à la lisière de la forêt, en Côte d’Ivoire.
La Maca est un monde à part avec ses codes et ses lois. La règle principale est que le Dangôro, le chef suprême, y a le droit de vie et de mort sur les prisonniers. Mais lorsque le Dangôro est malade, il ne peut plus gouverner et doit se donner la mort.

« La Nuit des rois » saluée au Festival du film francophone de Namur

Barbe Noire (Steve Tientcheu, photo ci-dessus) est à bout de souffle, il sait quel sort sa cour lui réserve mais il veut d’abord organiser un dernier round, véritable tour d’honneur, en désignant un nouveau « Roman » (Koné Bakary), petit Prince sans royaume chargé d’amuser la cour le temps d’une nuit. A lui de divertir les détenus par ses récits pendant que la lune rouge s’impose dans les cieux.
Manœuvre dilatoire ou vraie festivité organisée ? La cour est fébrile. Tous les valets de Barbe Noire – Guetteur, Demi-fou, Lame de rasoir, Pétroleur, Silence, Lass,… – sont sur leur garde. La nuit est celle de tous les dangers pour les occupants de la Maca.

La force du récit, le pouvoir des mots

Digressions, ramifications, bifurcations: Roman fait de son récit la somme de toutes les histoires afin de mieux protéger sa vie, rendant, dans le même temps, hommage au savoir-faire du griot. Malheur à lui s’il ne tient pas jusqu’à l’aube. Comme dans l’histoire de Shéhérazade, les sorts de Barbe-Noire et de Roman sont désormais étroitement liés.

Philippe Côte a imaginé un drame qui tient à la fois de l’épopée, de la veillée et de la chanson de geste avec des parfums de spectacle vivant au gré des chorégraphies et des mouvements d’ensemble qui animent la Maca, mais aussi des accents shakespeariens de ses récits. On y croise le toujours impressionnant Issaka Sawodogo, en directeur de prison, et l’étonnant et fantomatique Denis Lavant.

Métaphore des luttes de pouvoir qui ont récemment embrasé la Côte d’Ivoire, cette Nuit des rois s’inscrit dans un lieu insolite et secret où l’on découvre que le conteur joue un rôle de premier plan. Le véritable art oratoire est en effet celui qui permet à chacun de s’approprier une parcelle du récit commun et d’y intégrer les échos de sa propre histoire. Avec des résonances qui voyagent aisément d’un pays ou d’un hémisphère à l’autre…

Cette atmosphère électrique et envoûtante a visiblement conquis le jury de la 35e édition du Fiff, à Namur, composé de Samuel Benchetrit, Anne Delseth, Daphné Patakia, Guillaume Senez et Yoann Zimmer.

Karin Tshidimba

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Avec La Libre Afrique

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