A la uneGrand angle

Abidjan prendra-t-elle le risque de les accueillir ?

Les avocats de Laurent Gbagbo et de Charles Blé Goudé viennent d’obtenir une victoire d’étape pour la libération de leurs clients. En effet, la Chambre d’appel de la Cour pénale internationale (CPI) a décidé, hier,- 28 mai 2020, de révoquer certaines conditions de mise en liberté imposées aux deux hommes. Ainsi, Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé ne seront plus empêchés de se déplacer en dehors des limites de la municipalité dans laquelle ils résident. Aussi, ils n’auront plus à remettre au Greffe toutes les pièces d’identité dont ils disposent, en l’occurrence leur passeport. Et ce n’est pas tout, les deux fidèles compagnons ne devront plus se présenter chaque semaine auprès des autorités de l’Etat d’accueil ou auprès du Greffe. Autrement dit, les deux hommes qui avaient été acquitté en 2019, peuvent désormais se rendre en toute liberté dans tout autre pays signataire du Traité de Rome dont la Côte d’Ivoire, pour peu qu’ils aient le quitus des autorités. Mais Abidjan prendra-t-elle le risque de les accueillir ? Bien malin qui saurait répondre à cette question. On le sait, le pouvoir ADO n’a jamais fait mystère de sa volonté d’œuvrer pour le maintien de l’ancien président et son ministre de la Jeunesse en détention. N’est-ce pas d’ailleurs à cette fin qu’il avait engagé des avocats dont l’action n’aura pas produit les résultats escomptés? Le moins que l’on puisse dire, c’est que cet assouplissement des conditions de mise en liberté de l’ancien président ivoirien va, à coup sûr, troubler le sommeil d’ADO. L’on pourrait même dire que le locataire du palais de Cocody est désormais face à un dilemme. Faut-il accepter ou refuser le retour au pays de ces deux figures emblématiques du Front populaire ivoirien (FPI) ? S’il accepte que les deux hommes politiques foulent à nouveau le sol ivoirien, ADO court le risque de faire échouer son dauphin à la santé fragile à la prochaine présidentielle.

Le camp Gbagbo est désormais gonflé à bloc

En tout cas, une éventuelle présence de Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire, même soumis au droit de réserve, va inéluctablement entraîner une reconfiguration de la classe politique voire chambouler l’ordre préétabli au sein de l’état-major du RHDP. Et cela, ADO le sait mieux que quiconque. Mais s’il refuse que le Christ de Mama regagne son village natal, il pourrait susciter le courroux de ses partisans. Or, à quelques mois de la présidentielle en Côte d’Ivoire, une telle situation pourrait avoir des conséquences graves pour le pouvoir en place. Même si ADO semble avoir pris les devants en faisant condamner ce farouche adversaire politique par la Justice ivoirienne à 20 ans de prison ferme, force est de reconnaître que ce ne sera pas aisé pour le pouvoir d’empêcher ce vieux loup de la scène politique ivoirienne de troubler la quiétude de son équipe de campagne pour la présidentielle de 2020. Autant dire qu’ADO a du pain sur la planche. En tout cas, c’est peu dire que cette décision de la Chambre d’appel de la CPI est une douche froide pour ADO et ses partisans, mais une victoire d’étape pour les partisans de Laurent Gbagbo qui piaffent d’impatience de voir leur mentor regagner le bercail et y apporter son génie dans le jeu politique. Quoi qu’il en soit, le camp Gbagbo est désormais gonflé à bloc par cette décision de la Chambre d’appel de la CPI, lui qui a toujours clamé l’innocence de son idole. En tout état de cause, il faut souhaiter que cette décision de la Chambre d’appel de la CPI fasse plus de bien que de mal à la Côte d’Ivoire.

DZ