L’algarade qui a opposé Abdel-Aziz Saleh Damanae, maire de N’Djaména à son adjoint, Oumar Boukar ce mardi 17 mars 2020 (Lire Indiscrets) est le dernier épisode du long spectacle qu’offrent les élus locaux depuis 2012, date de la mise en place des communes de plein exercice. Avant lui, c’est le maire de Doba, destitué par le conseil municipal qui a croisé le fer avec la hiérarchie. Deux semaines avant, c’est le maire de Moundou, Nerolel Ndoukolé qui a été suspendu par sa hiérarchie pour ’’incompétence et incapacité à diriger la commune’’. Quelques semaines avant l’édile de Moundou, c’est le maire du 7ème arrondissement qui a fait rosser des employés de la commune qui réclamaient des salaires impayés. A croire qu’il ne passe pas un mois sans qu’un maire fasse parler de lui… toujours hélas dans de mauvais termes. Le dénominateur commun étant la mauvaise gestion. C’est à croire qu’en se faisant élire, nos braves conseillers municipaux ne visaient qu’une chose: capter les ressources et les utiliser à leurs seuls bénéfices et non celui des populations qui les ont élus. Le résultat: le visage de nos villes ressemble pour la plupart à des taudis alors que les services de recettes ne manquent. Aucune occasion pour racketter (c’est bien le mot) les populations qui attendent en retour de ce qu’ils versent, que les rue soient au moins raclées, que les caniveaux soient curées et que l’éclairage publique soient assurées ne manque.

Tout ceci relève du monde idéal où le conseiller municipal, élu maire par ses pairs, est l’élu le plus proche de ses concitoyens endosse la fonction comme un sacerdoce pour le bien de sa communauté. Or, ce à quoi on assiste depuis la mise en place des conseils municipaux n’est rien d’autre qu’une course à l’enrichissement illicite. En témoigne le nombre de maires destitués pour mauvaise gestion.

En vérité, c’est l’absence de légitimité causée par des élections non loyales qui expliquent cette kleptomanie quasi légalisée, doublée de l’arrogance parce que la redevabilité n’est pas la vertu la mieux partagée dans les communes. «J’ai le soutien du président de la République. Je m’en fiche de vous !», a lancé un maire à ses collègues. C’est dire que comme pour les autres fonctions, les conseillers municipaux que nous avons ne se sentent pas responsables   devant les électeurs à qui ils rendront compte demain. Tel est le visage de ce que le système politique a produit comme personnel politique. Lorsqu’un Etat compte parmi ses ministres, députés, conseillers municipaux et autres détenteurs de pouvoirs des repris de justice et autres gangsters économiques, il donne à sa jeunesse le mauvais exemple en termes de figure de réussite. C’est hélas un des échecs majeurs des trente ans de règne d’Idriss Déby Itno.

Rédaction



Avec LePaysTchad

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