A la uneLa chronique du fou

21 ans, ce n’est pas 21 jours

13 décembre 1998 – 13 décembre 2019 ! Cela fait exactement 21 ans, jour pour jour , que le journaliste Norbert Zongo et ses trois compagnons trouvaient la mort sur la route de Sapouy. Leurs corps ont été retrouvés calcinés et carbonisés si fait que certains n’ont pas hésité à parler d’autodafé de Sapouy. Je me rappelle comme si c’était hier, le tollé que ce drame avait provoqué au-delà des frontières du Burkina ; tant le choc était énorme. Acculé de toutes parts, le pouvoir de l’époque, avec à sa tête Blaise Compaoré, avait ouvert une information judiciaire qui, on  s’en souvient, avait abouti à un non-lieu comme pour dire que Norbert Zongo et ses compagnons étaient morts des suites d’un accident de la circulation. Toute chose qui avait irrité plus d’un ; tant on y voyait  une manœuvre du régime d’alors visant à mettre hors de cause l’ex-petit président, François Compaoré, dont le nom était cité dans cette sombre affaire qui avait secoué le Burkina. La suite, on la connaît. Les choses étaient restées en l’état et la famille Zongo dans le désarroi  puisque ne sachant pas exactement ce qui est arrivé à ses proches ce maudit 13 décembre 1998. Il a donc fallu l’avènement de la Transition politique pour que le dossier Norbert Zongo soit rouvert. Ce qui a permis d’inculper certaines personnes, dont certaines croupissaient déjà en prison. Je crois, si ma mémoire est bonne , que le petit frère de l’ex-président, c’est-à-dire François Compaoré, a été aussi mis en examen. Et ce n’est pas tout. Un mandat d’arrêt international a été lancé contre lui par les autorités judiciaires qui souhaitent l’entendre dans le cadre de la disparition tragique de Norbert Zongo et ses compagnons.

Je demande à François Compaoré de prendre son courage à deux mains pour venir répondre à la convocation du juge

 

Moi, je n’ai rien contre quelqu’un. Mais mon souhait le plus ardent, est que vérité et justice soient rendues à Norbert Zongo, du nom de ce journaliste de renommée que je prenais du plaisir à lire tous les mardis ; tant il était pertinent dans ses analyses.  Je le dis parce que la famille a trop attendu tant et si bien qu’elle en a gros sur le cœur. Et moi personnellement, je comprends son amertume. Car 21 ans d’attente, ce n’est pas 21 jours. Que chacun de nous essaie de se mettre un peu à la place des parents des victimes et il comprendra que perdre un proche dans des circonstances pareilles, est difficile à supporter. C’est pourquoi, pour autant qu’il n’ait rien à se reprocher, je demande à François Compaoré de prendre son courage à deux mains pour venir répondre à la convocation du juge. Ce serait l’occasion pour lui de s’expliquer et de se défendre comme il se doit. S’il est blanchi, cela le grandira politiquement et il pourrait saisir l’occasion pour rabattre la caquet à ses contempteurs qui l’accusent de tous les péchés du… Burkina. S’il est aussi reconnu coupable, qu’il accepte que force doit rester à la loi. Peut-être qu’à ce moment-là, on pourra envisager une vraie procédure de réconciliation nationale qui tranchera avec la farce organisée le 31 mars 2001.

« Le Fou »