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Moussa Faki Mahamat, le président de la Commission de l’Union africaine (UA), dans une déclaration rendue publique sur le site officiel de son institution, s’est félicité de la prise en compte des recommandations de la Cour africaine des droits de l’Homme et des peuples dans la composition des membres de la Commission électorale ivoirienne (CEI). Une sortie qui, comme on pouvait s’y attendre, a été mal accueillie par l’opposition ivoirienne et certaines ONG. Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette prise de position du président de la Commission de l’UA, est maladroite.

En ce sens qu’il n’est pas, comme on peut l’imaginer, la personne la mieux indiquée pour le faire. Il revenait plutôt à la Cour africaine des droits de l’Homme de se prononcer sur la conformité ou non de la réforme de la CEI. Le bon sens aurait donc voulu que Moussa  Faki Mahamat patientât jusqu’à l’épuisement judiciaire du dossier avant de se prononcer. Mais en décidant de faire autrement, il donne l’impression de faire dans la subjectivité si fait que d’aucuns voient dans sa démarche, une forme de parti pris. Car tout laisse croire qu’il est en train de dicter aux juges, leur conduite.

Le risque d’une nouvelle crise post-électorale n’est pas loin

Toute chose qui paraît pour le moins inadmissible. Car, la séparation des pouvoirs est et doit demeurer un sacro-saint principe inviolable. Surtout dans un dossier aussi sensible que celui de la CEI qui, à la présidentielle de 2010, avait déjà cristallisé toutes les  passions. C’est dire si la Côte d’Ivoire est en train de danser  sur un volcan. Car, le risque d’une nouvelle crise post-électorale n’est pas loin. Surtout quand on connait la reconfiguration actuelle du paysage politique du pays où des ennemis d’hier sont devenus subitement des amis au moment où des alliés d’hier se regardent aujourd’hui en chiens de faïence. C’est le cas par exemple du rapprochement acté en début du mois courant, entre Laurent Gbagbo et Henri Konan Bédié qui se sont rencontrés à Bruxelles, en Belgique. Même s’ils ne l’ont pas encore clairement dit, on sait que les deux hommes pourraient former un front contre Alassane Dramane Ouattara  (ADO) dans la perspective de la prochaine présidentielle.

C’est sans doute dans la perspective de la formation d’une telle coalition anti-ADO que des émissaires de Bédié ont rencontré, le 21 août dernier, Charles Blé Goudé, du nom de celui-là qui vient de prendre la direction du COJEP (Congrès panafricain pour la justice et l’égalité des peuples) et qui ne jure que par son mentor, Laurent Gbagbo.

Boureima KINDO