Shams-Eddin Kabashi, le porte-parole du Comité militaire soudanais lors d'une conférence de presse le 13 juin 2019 à Khartoum. © Yasuyoshi CHIBA / AFP

Shams-Eddin Kabashi, le porte-parole du Comité militaire soudanais lors d’une conférence de presse le 13 juin 2019 à Khartoum. © Yasuyoshi CHIBA / AFP

Que s’est-il réellement passé au Soudan, samedi dernier ? Le Conseil militaire soudanais affirme avoir arrêté 68 officiers. Des généraux dans leur majorité. Ils sont accusés d’avoir été associés à un projet de putsch.

Les généraux qui ont évincé Omar el-Béchir, sont au pouvoir depuis le 11 avril. Ils rechignent à remettre le pouvoir à un gouvernement civil. Pour beaucoup d’activistes dans le mouvement de contestation, parler d’un putsch n’est qu’une mauvaise comédie.

Le Conseil militaire soudanais n’a jamais parlé officiellement de putsch, mais des officiers de la junte militaire au pouvoir ont fait circuler des détails et des noms. Des informations qui ont alimenté la presse soudanaise depuis mercredi mais qui sont cependant parfois contradictoires.

Elles annoncent dans un premier temps, une tentative de putsch, menée par des officiers islamistes et, ou, des fidèles d’Omar el-Béchir, dont certains sont à la retraite. Curieusement, aucune trace matérielle de ce putsch n’existe.

Le Conseil militaire nie d’abord l’information avant d’affirmer avoir mis en détention plusieurs dizaines d’officiers soupçonnés de fomenter un soulèvement.

Les islamistes mis en cause nient toute implication. Amir Nooman, un dirigeant du mouvement islamique estime même qu’une telle idée est irraisonnable. « Ce n’est pas dans notre intérêt au moment où le pays s’apprête à organiser des élections », dit-il.

Putsch ou purge au sein de l’armée ?

Oday Mirghanni, de la coalition des Forces pour la liberté et le changement se demande s’il ne s’agit pas d’une opération montée pour gagner du temps et essayer de garder le pouvoir ! « On ne peut pas considérer comme un putsch, le fait de s’opposer à la politique sanguinaire du Conseil militaire », proteste de son côté un dirigeant du parti Oumma.

C’est une ruse pour liquider les honnêtes militaires écrit un internaute. « Tentative de putsch ou volonté de se débarrasser des officiers qui n’approuvent pas la politique de répression du Conseil militaire ? », s’interroge un autre.

Dimanche 9 juin, une centaine d’officiers hauts gradés ont déjà été mis en retraite anticipé. Pour l’opposition, détenir 68 officiers cette fois-ci, n’est qu’une manière de continuer la purge.


  • La grande place de Khartoum où se tenaient les sit-in est de nouveau ouverte

Le cœur de la révolution soudanaise, à Khartoum, avait pris la forme d’une zone où des milliers de personnes vivaient jour et nuit, jouaient de la musique, chantaient, dansaient, organisaient des discours, des repas, des manifestations. Un lieu unique dans l’histoire soudanaise créé pour réclamer un pouvoir civil. Mais le 3 juin, les soldats ont tout détruit et tiré sur la foule, faisant au moins 118 morts. Aujourd’hui, la zone où était installé le sit-in a rouvert. Mais le cœur de la révolution n’existe plus.

Maintenant c’est vraiment un endroit lugubre, sinistre. C’est comme si une partie de nous était morte. Je ne pense pas qu’on retrouvera un autre lieu comme ça.

[Reportage] A Khartoum, la grande place des sit-in est à nouveau ouverte

Par Africa24monde Avec RFI – Sébastien Nemeth

Regardsurlafrique



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