La députée du Texas Sheila Jackson Lee, le 14 mai 2019, à Washington. Larry French / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP

La députée du Texas Sheila Jackson Lee, le 14 mai 2019, à Washington.
Larry French / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP

Aux États-Unis, la question des réparations aux descendants d’esclaves revient devant le Congrès. Ce mercredi, une commission de la Chambre des représentants organise une audience intitulée « le chemin vers la justice ».

Le jour n’est pas choisi par hasard : le 19 juin, c’est le Jour de liberté ou encore Jour de l’émancipation qui commémore l’annonce de l’abolition de l’esclavage et de l’émancipation des esclaves afro-américains dans le sud confédéré. L’objectif de l’élue démocrate c’est de mettre en place un groupe parlementaire chargé d’étudier dans quelle mesure et sous quelle forme des réparations pourraient être envisagées.

Faut-il ou non indemniser les descendants d’esclave ? Cette question est un serpent de mer de la politique américaine. En 1989, l’élu démocrate John Conyers concocte un projet de loi qu’il présente tous les ans devant le Congrès, jusqu’à sa démission en 2017.

Aujourd’hui, c’est Sheila Jackson Lee, une députée du Texas, qui reprend le flambeau. Elle veut lancer une commission parlementaire censée étudier la faisabilité des réparations, explique-t-elle à la radio NPR.

« L’initiative n’est pas motivée par la colère, mais par la reconnaissance du péché originel de ce pays, à savoir l’esclavage. L’objectif ce n’est pas d’avoir de l’argent, mais des solutions », souligne-t-elle.

L’idée ce serait d’investir par exemple dans des programmes sociaux qui pourraient bénéficier aux Afro-Américains. Car s’ils représentent 13% de la population, un sur quatre vit sous le seuil de pauvreté.

Une situation qui, d’après ceux qui militent en faveur des réparations, est une conséquence de l’esclavage et de la discrimination dont sont victimes les Afro-Américains. Pourquoi le sujet est-il revenu d’un coup sur l’agenda politique ?

« Je pense que c’est lié aux élections. La Chambre est désormais contrôlée par les démocrates,explique Sheila Jackson Lee. Et honnêtement, la question de l’esclavage n’a jamais été traitée à un niveau institutionnel par le gouvernement. »

Plusieurs candidats démocrates comme Kamala Harris, Elizabeth Warren ou Julien Castro soutiennent l’idée de réparations pour les descendants d’esclaves. Mais ils restent vagues sur la mise en œuvre d’une telle mesure.

Un sujet clivant

Du côté des Afro-Américains, l’idée d’indemniser les descendants d’esclaves est bien accueillie. C’est par exemple le cas de Ron Daniels, militant de la cause afro-américaine et directeur de l’Institut du monde noir du XXIe siècle.

« Le plus important avec ces propositions des candidats démocrates, c’est qu’il y a un consensus sur la façon de le faire en soutenant le projet de loi du Congrès appelé HR 40 », dit-il.

Le HR40, projet de loi bloqué au Congrès depuis 30 ans, tire son nom d’une promesse d’Abraham Lincoln. Lorsqu’il abolit l’esclavage en 1865, il offre un demi-hectare de terre et une mule à chaque esclave affranchi. Ils n’en verront jamais la couleur.

Le HR40 a pour objectif de réparer cette promesse non tenue. Mais cette idée ne plaît pas à tous les Américains, en particulier aux Blancs.

« Comme les gens n’habitent pas ensemble, ils ne partagent pas du tout les mêmes réalités. Donc il y a une sorte de déni qui fait que les électeurs blancs y sont extrêmement défavorables parce qu’ils estiment qu’ils vont devoir payer pour des pauvres qui, selon eux, n’ont pas fait suffisamment d’efforts pour tenter de s’en sortir et accéder à la bourgeoisie », explique Cécile Coquet-Mokoko, professeure à l’Université de Tours.

Selon un sondage de la chaîne américaine CNN, 89% des Américains blancs seraient opposés à ces indemnisations.

Par Regardsurlafrique Avec RFI



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