Comme il fallait s’y attendre, nonobstant les circonvolutions langagières et sémantiques en trompe-l’œil, quelques heures seulement après sa nomination, la nouvelle porte-parole du gouvernement français fait d’ores et déjà face à des attaques clairement racistes de la part d’une mosaïque de personnages à visages découverts ou lâchement tapis dans les méandres des facho-sphères virtuelle et réelle.
Âgée de 39 ans, Sénégalaise d’origine et naturalisée française depuis 2016, fidèle parmi les fidèles d’Emmnuel Macron, la nouvelle ministre n’incarne en réalité ici-et pour son plus grand malheur- qu’un épisode de plus dans la série d’outrages et d’insultes adressés à des personnalités noires de l’Hexagone par les mêmes thuriféraires de l’hégémonie « blanche », une fois que la position de celles-ci dans l’establishment du pays de Marianne se trouve être le devant de la scène publique. Au prétexte de prétendus scandales ou « casseroles » (en réalités cousus de fil…blanc), s’exprimant sous le masque dégoulinant d’observations pseudo-innocentes mais en vérité superfétatoires et liées à des détails aussi absurdes que les choix vestimentaires ou même les expressions capillaires de ses cibles, cette catégorie hideuse de Français n’a, à l’occasion, aucun scrupule à vomir toutes sortes d’insanités en hurlant au « singe usurpateur » ou à la « guenon » envahissante, quitte à faire pousser des bananeraies dans la Méditerranée pour les y jeter, sous des hourras suprémacistes à peine étouffés.
Évidemment, le pays de Voltaire et de bien d’autres figures similaires ne saurait être réduit à cette seule dimension répugnante qu’est celle du racisme et du rejet de l’autre. Mais il n’en demeure pas moins que, sous le couvert commode d’une certaine sacralité de la liberté d’expression qui en constitue l’un des principes démocratiques dominants, la libération totale de la parole, sans frein ni le moindre garde-fou, conduit à des dérives exaspérantes prospérant au gré de la fumée suffocante d’un populisme identitaire dont l’Europe se trouve de plus en plus être le laboratoire, à tel point que l’on pourrait se demander si l’histoire n’y est pas tout simplement en train d’entamer un bégaiement aux lendemains aussi destructeurs que ceux d’un passé pas si lointain.
Avec Investir Gabon