DIALOGUE POLITIQUE :  « L’Opposition ne se prêtera pas à une action de marketing politique », dixit Zéphirin Diabré

 

 

 

 Le chef de file de l’Opposition politique au Burkina Faso (CFOP/BF) a animé une conférence de presse, ce jeudi 25 avril à son siège à Ouagadougou, autour de la question du dialogue politique et d’autres sujets d’actualité nationale. Pour une des rares fois, c’est le chef de file de l’institution, lui-même, Zéphirin Diabré, qui a tenu le crachoir, entouré des responsables des partis politiques.

 

Comme un air de déjà vu ! Le pouvoir en place semble faire un jeu de jambes face à l’opposition dans le cadre du dialogue politique tant attendu. En tout cas, pour l’Opposition politique qui était face à la presse ce jeudi 25 avril, « les faits sont nombreux qui montrent que le président du Faso, a relevé Zéphirin Diabré, n’accorde pas à ce dialogue toute l’importance qu’il faut». En effet, annoncé pour les 27 et 28 avril prochains, « nous ne savons pas où il va se tenir, quels sont les points qui y seront débattus, ni comment vont se dérouler les travaux », s’est étonné le chef de file de l’opposition avant de faire savoir que « l’Opposition est disposée à participer au dialogue politique parce qu’il y va de l’avenir de notre pays… mais elle ne se prêtera pas à une action de marketing politique dans laquelle un pouvoir qui a échoué, va utiliser les opposants pour soigner son image auprès des partenaires au développement et de la communauté internationale». A 48 heures de la date proposée par le chef de l’Etat lui-même pour le début dudit dialogue, rien ne dit qu’il sera tenu à bonne date. D’autant qu’à la même période, le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, est censé être à la Journée nationale du paysan à Gaoua. « Peut-être que de Gaoua, il reviendra à Ouagadougou le  même jour pour débuter le dialogue. Pour le moment, on ne nous a rien dit en tout cas », a raillé Zéphirin Diabré. Puis, de renchérir que « l’Opposition politique n’est pas dupe ». Toujours est-il que le CFOP pose deux préalables avant de s’asseoir autour de la table de discussions. Il s’agit, tout d’abord, de la mise en place d’un cadre réglementaire pour ce dialogue, ensuite d’un comité de suivi des décisions qui seront issues dudit dialogue. « Sans ces deux conditions, le dialogue ne sera qu’un outil de marketing politique, une mise en scène orchestrée par le chef de l’Etat pour montrer aux yeux des Burkinabè et du monde qu’il dialogue avec l’Opposition », a insisté Zéphirin Diabré. Du reste, pour lui, « l’Opposition n’est pas prête à aller causer de tout et de rien, puis se lever, sans qu’il n’y ait des solutions concrètes aux problèmes des Burkinabè » et non sans étayer ses propos en ces termes : « On l’a vu avec les syndicats, ce régime ne respecte même pas ses engagements écrits. Qu’en serait-il des engagements non écrits, de surcroît en l’absence d’un comité de suivi ? Le cas de la Commission constitutionnelle nous semble une bonne référence, si nous voulons un dialogue franc et fructueux », avant de s’étonner davantage que « depuis trois ans et demi qu’il gouverne notre pays, et malgré l’aggravation constante de la crise, le pouvoir du MPP n’a jamais songé à rencontrer l’Opposition pour la concerter sur les problèmes du Burkina Faso». Toute chose qui paraît aux yeux du CFOP comme une « attitude suspecte » d’autant plus qu’elle « survient au moment où les foyers de contestation se multiplient, alors que se profilent à l’horizon les élections de 2020». Au-delà du cadre réglementaire, « nous participerons à ce dialogue, à condition qu’il aborde des problèmes de fond, et qu’il aboutisse à des décisions et recommandations consensuelles fortes qui seront immédiatement mises en application pour sauver notre pays du chaos », a tranché le CFOP.

 

« Le rôle des ministres de la Communication, c’est de faire des démentis », dit Zéphirin Diabré par rapport aux négociations présumées du président Roch Kaboré avec des terroristes

 

Parmi les questions de fond que l’opposition souhaite aborder au cours de ce dialogue politique, il y a la situation sécuritaire, la réconciliation nationale, l’unité nationale et la cohésion sociale, le Code électoral et les élections de 2020, la gouvernance. Sur la situation sécuritaire, Zéphirin Diabré a indiqué que les terroristes tentent de désintégrer notre vivre-ensemble en instrumentalisant des ethnies contre d’autres. « Yirgou est la preuve que l’ethnicisme qui était jusque-là latent, a pris une tournure violente dans notre pays », a déploré le CFOP tout en exigeant « à nouveau du président du Faso et de la Justice de notre pays, la vérité et la justice sur Yirgou ». Puisque, souligne-t-il, « cela fait aujourd’hui 125 jours que des filles et fils de ce pays ont été lâchement tués, tout simplement parce qu’ils ont eu le tort d’appartenir à une ethnie que des gens détestent. Jusqu’à ce jour, il n’y a pas un début de justice».Abordant un autre sujet d’actualité, notamment les « révélations » faites par le confrère Africa Intelligence selon lesquelles « le président du Faso, Roch Marc Kaboré, aurait repris les recettes de Blaise Compaoré et négocierait avec les terroristes », l’Opposition burkinabè relève que « si l’information se confirmait, il y aurait de l’incohérence doublée de tâtonnement dans la manière de gouverner de M. Kaboré. Puisqu’il a maintes fois déclaré qu’il ne négocierait pas avec les terroristes… Depuis 2016, il n’a cessé d’accuser Blaise Compaoré d’avoir pactisé avec les terroristes». Et Zéphirin Diabré d’insister que « oui ou non y a-t-il négociation avec les terroristes ? Si oui, que cherche le président en négociant avec ceux qui ont tué des centaines de Burkinabè et créé d’énormes dégâts matériels dans notre pays ? » En attendant de trouver des réponses à toutes ces questions, le chef de file de l’Opposition qui estime que le journal ayant distillé ces informations est connu pour son sérieux, trouve que le démenti du ministre de la Communication, Remis Dandjinou, ne suffit pas. Pour lui, Africa Intelligence qui est « une revue que tous les palais reçoivent et lisent à longueur de journées, a cité des noms et c’est à ces personnes d’apporter des démentis ». D’ailleurs, « le rôle des ministres de la Communication, c’est de faire des démentis », a-t-il chambré.

 

Drissa TRAORE

 

 



Avec lepays.bf

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