GUERRE A TRIPOLI  :  Eviter à tout prix l’enlisement

 

Les combats font rage en Libye. Pour preuve, un avion de chasse du maréchal Khalifa Haftar a été abattu le 14 avril 2019, au-dessus de Tripoli, par les forces de son rival, Fayez-el-Sarraj, dont le gouvernement est reconnu par la communauté internationale. C’est dans ce climat sulfureux que l’homme fort de Tobrouk s’est rendu en Egypte où il a rencontré le maréchal Abdel Fattah Al Sissi. Rien de concret n’a filtré des échanges entre les deux maréchaux. Puisqu’il n’y a eu qu’un communiqué laconique indiquant que les discussions ont porté sur les derniers développements. Mais on imagine qu’il s’agissait, pour le guerrier de la Cyrénaïque, de demander de l’aide au Pharaon car, on le sait, ce dernier n’a jamais fait mystère de son soutien à celui qui se présente aujourd’hui comme le sauveur de la Libye. Et sauf retournement de veste, l’Egyptien devrait pouvoir apporter une précieuse aide à son ami qui est, à ses yeux, l’homme de la situation. Reste que le rapport de force sur le terrain de combat, semble ne pas être net. Or, dans cette guerre, il faudra bien que tôt ou tard, l’un ou l’autre camp l’emporte. Le dialogue n’ayant pas prospéré, le mieux serait que l’un ou l’autre courbe l’échine le plus vite possible. Ce qui nous donne à croire que le détour du Caire risque de ne pas être le dernier, surtout quand on sait que des monarchies du Golfe comme l’Arabie Saoudite sont des alliés importants du maréchal Haftar. Du reste, comme nous l’enseigne l’adage, qui veut voyager loin ménage sa monture. Et en bon stratège, le maréchal en est conscient. Sans jouer les Cassandre, la bataille de Tripoli risque de ne pas être une partie de plaisir pour le maréchal Haftar. Car, en plus de subir des bombardements, le ciel de Tripoli semble être l’espace interdit pour ne pas dire le tombeau de ses oiseaux de fer. Dans cette guerre fratricide, le bilan des dégâts humains et matériel risque d’être lourd comme certains spécialistes le prévoyaient. Car, en seulement 11 jours de combats, on dénombre déjà 121 morts et 600 blessés sans parler des migrants pris au piège des combats. Le hic est que malgré cette tragédie qui se joue sous les yeux impuissants des Libyens, la communauté internationale semble y assister en simple spectatrice. Pouvait-il en être autrement quand on sait que cette communauté internationale a toujours brillé par son hypocrisie sur fond de mésententes ?

Les populations civiles libyennes sont abandonnées à elles-mêmes

Le cas de la Libye est d’autant plus complexe qu’après avoir envoyé ad patres le guide libyen, elle n’a pas assuré le service après-vente. Conséquence, la Libye patauge dans la crise depuis 2011 sans parvenir à trouver le chemin de la paix. Si les combats ont repris entre frères libyens, c’est parce que la communauté internationale n’aura pratiquement rien fait pour empêcher cette nouvelle escalade de violence en Libye. Obnubilés par les ressources naturelles de ce pays, notamment son pétrole de qualité supérieure, Occidentaux et Américains ont transformé le pays de Mouammar Kadhafi en un vaste champ où des milices et terroristes de tout poil se disputent la dépouille de cette nation qui, quoi que l’on dise, fut un havre de paix. Le moins que l’on puisse dire, c’est que les populations civiles libyennes sont abandonnées à elles-mêmes. Les moins chanceuses sont victimes de balles perdues tandis que les plus veinardes traversent la frontière pour trouver refuge dans les pays voisins. Plaise au Ciel que les combats ne s’inscrivent pas dans la durée comme ce fut le cas dans certains pays où le sort des populations civiles était devenu un fait banal. Nombreux sont ceux qui croyaient que le maréchal mènerait une guerre éclair et ce, au regard des victoires enregistrées face aux terroristes, notamment de Benghazi. Mais, c’était ignorer l’adage selon lequel on sait quand commence une guerre mais, on ne sait jamais quand elle finit. Cela dit, il faut éviter à tout prix l’enlisement. En tout cas, il faut émettre le vœu que la guerre entre les troupes du maréchal Haftar et celles de Fayez-el-Sarraj, soit la plus brève possible afin d’alléger la souffrance des Libyens qui, depuis la mort de Mouammar Kadhafi, n’ont plus goûté aux délices de la paix. A la vérité, cette guerre traduit l’échec de l’Union africaine qui n’aura pas réussi à résoudre la crise à l’africaine, c’est-à-dire à asseoir les frères ennemis sous l’arbre à palabre pour construire la paix par le dialogue. Mais comme on le dit, il n’est jamais tard pour bien faire. L’UA doit peser de tout son poids si elle en a encore, pour faire taire au plus vite les armes. Il ne fait aucun doute que si cette guerre perdure, ses conséquences pourraient être dramatiques pour les pays voisins voire l’Afrique tout entière.

Dabadi ZOUMBARA



Avec lepays.bf

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