Vacance du pouvoir : Faustin Boukoubi, marionnette de la confiscation du pouvoir ?

C’est la question que se posent depuis quelques jours de nombreux Gabonais après des révélations faites par La Lettre du continent. Ce journal souvent bien renseigné dans les arcanes du pouvoir, rapporte dans son dernier numéro que la présidente de la Cour constitutionnelle, Marie Madeleine Mborantsuo serait en train de modifier la loi fondamentale en catimini, afin de permettre à l’actuel président de l’Assemblée nationale de prendre le pouvoir en cas d’indisponibilité définitive d’Ali Bongo Ondimba.

Si cette information est avérée, elle porte en elle les germes d’une instabilité politique de grande envergure. Car les coups bas, les subterfuges usés par les tenants du bord de mer pour conserver le pouvoir depuis le début des ennuies de santé du premier magistrat gabonais, prouvent à quel point les courtisans du palais ne comptent pas lâcher l’affaire. Et même s’il faut pousser jusqu’au macchabée ou au chiffonnage volontiers de la Constitution, visiblement, aucune vertu d’où qu’elle vienne ne les fera changer d’avis pour pousser le bouchon jusqu’à l’explosion, dans l’unique but de contrôler le pays. Manifestement, même après un demi siècle de détention du pouvoir, le goût de celui-ci reste toujours aussi vivace dans l’esprit des émergents, prêts à tout pour le conserver.

Après la modification unilatérale et « illégale » de l’article 13 de la Constitution, relatif à la vacance du pouvoir en novembre dernier, la gardienne du texte fondamental serait encore en passe d’opérer une nouvelle modification pour contourner la « difficulté » Lucie Milebou, la présidente du Sénat, soupçonnée d’être de mèche avec l’opposition. Le meilleur profil serait alors celui de Faustin Boukoubi, jugé plus proche des Téké par le biais de la proximité géographique qui unit les Téké et les Ndzébi au sud du Gabon. Boukoubi président au cas où Ali Bongo serait déclaré incapable de poursuivre son mandat jusqu’en 2023, ne sera pas une menace pour les intérêts d’une petite caste de personnalités Téké et Obamba, qui tremblent à l’idée de perdre le pouvoir et tous les privilèges.

Plus qu’une volonté de prendre le pays en otage par la confiscation du pouvoir, il s’agit d’un énième coup d’Etat constitutionnel puisque Mborantsuo, même avec la casquette de gardienne de la loi ne dispose d’aucun attribut pour la modifier, la loi justement, ne prévoyant que deux procédés pour être amandée : la voie référendaire et la voie parlementaire. Hors de ces deux cadres, toute manipulation de la Constitution de quelques manières que ce soit n’est rien d’autre qu’une action suicidaire, destinée à conduire le pays sur les braises de l’instabilité. Surtout que Marie Madeleine Mborantsuo en tant que « bonne magistrate » sait elle-même que la constitution d’un pays n’est pas une fleur du jardin que l’on décide de tailler à souhait.

Et que malgré des formulations et reformulations dans l’ombre du complot, cette nouvelle Constitution en préparation forcée n’aura d’autre saveur que celle de haute trahison d’un pays, qui devient décidément le théâtre des manipulations constitutionnelles permanentes, au gré des ambitions politiques de la clique au pouvoir. Sauf à considérer que Luicie Milebou n’est plus en odeur de sainteté avec le pouvoir d’Ali Bongo.

Dans ce cas, il n’y a d’autre solution que de taire l’hypocrisie dans les rangs du sérail en l’excluant du parti pour la faire démissionner et la remplacer ensuite par une personnalité jugée plus sûre. On comprend alors que si les révélations de La Lettre du continent sont exactes, Faustin Boukoubi ne sera rien que la trame d’un « marionnettisme constitutionnel ambiant », signe de l’inquiétude et de la panique qui agitent les tenants du pouvoir sur l’état de santé réel d’Ali Bongo Ondimba depuis cinq mois.


Leno KOLEBA



Avec Gabon Eco

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