REDDITION DE REBELLES AU MALI

 Pourvu que ce ne soit pas seulement une stratégie de communication

Le moins que l’on puisse dire, c’est que le processus de Désarmement-démobilisation-réinsertion (DDR) fait son petit bonhomme de chemin au Mali et ce, en dépit de quelques couacs enregistrés. En tout cas, à en croire  le président de la Commission DDR, Zahabi Ould Sidy Mohamed qui, lors d’une sortie médiatique, le 9 février dernier, a précisé que parmi le millier de militaires qui avaient déserté l’Armée malienne, en 2012, pour rejoindre la rébellion dans le Nord du pays à la faveur de l’invasion djihadiste, « 538 ont répondu physiquement présents ». Est-ce le signe d’une extinction de la rébellion qui a tellement fait verser le sang au Mali ? Difficile d’y répondre par l’affirmative. Seulement, pour l’heure, il y a de quoi redonner espoir au gouvernement malien et à la communauté internationale qui font des pieds et des mains depuis près de quatre ans, pour guérir le cancer de l’insécurité qui ronge cette partie septentrionale du pays que des groupes rebelles et terroristes ont mise, pendant longtemps, sous coupe réglée. Et comme le prévoit le processus de DDR conformément à l’accord d’Alger signé en juin 2015, parmi ces ex-rebelles, certains devraient réintégrer les Forces armées maliennes (FAMA) et d’autres devraient bénéficier du programme de soutien à la réinsertion dans la vie civile.

Si l’on peut se réjouir de ce pas de plus sur le long chemin de la paix au pays d’Ibrahim Boubacar Kéita (IBK), la question qui taraude tout de même les esprits, est de savoir si cette reddition annoncée de cet impressionnant nombre de plus de 500 rebelles, n’est pas seulement une stratégie de communication pour vernir le processus DDR afin de donner l’impression que tout va  pour le mieux alors que, jusque-là, ledit processus n’arrive toujours pas, par exemple, à emballer les ex-combattants de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA).

Des terroristes pourraient changer de stratégie en saisissant la perche tendue aux anciens rebelles

Pourvu que ce ne soit pas le cas ! Cela dit, on est aussi curieux de connaître  le profil de ces ex-rebelles qui ont décidé de rendre les armes. S’il s’agit d’officiers, de sous-officiers ou de militaires du rang, l’identification de leurs groupes armés, peut aider à juger du bon déroulement ou pas du processus de paix au Mali. Mais comme Saint Thomas, on attend de voir.

C’est pourquoi il faut se frotter les mains de façon précautionneuse en évitant tout triomphalisme. Car, la seule chose qu’ont en partage les protagonistes de la crise malienne, c’est la mauvaise foi. En plus, la situation sécuritaire au Nord du pays, fait qu’il est difficile de donner à ces anciens rebelles le bon Dieu sans confession. Autrement dit, le tout n’est pas pour les premiers responsables du processus DDR, de se laisser éblouir par le nombre de ceux qui ont décidé de répondre à leur appel en déposant les armes et de dormir sur ses lauriers. Ils doivent redoubler de vigilance pour éviter que des terroristes se muent en anciens rebelles pour infiltrer l’Armée régulière puisqu’il est question de réintégrer certains de ceux qui capitulent. Car, voyant leur voilure se réduire par la puissance de feu de l’opération Barkhane et la montée en puissance de la force conjointe du G5 Sahel, des terroristes pourraient changer de stratégie en saisissant la perche tendue aux anciens rebelles, pour se retrouver au cœur du système afin de mieux le combattre. Si la méfiance doit être de mise, le pouvoir doit éviter, toutefois, de se laisser aller à une sorte de stigmatisation au risque de faire le jeu de ceux qui narguent toujours le processus de DDR. En tous les cas, si plus de 500 ex-rebelles ont décidé de rentrer dans les rangs avec armes et renseignements, il appartient aux autorités maliennes de renforcer avec eux, la traque des terroristes.

Par Drissa TRAORE

 

 

  



Avec lepays.bf

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