Move with Africa: donne-moi ta main, ensemble, on ira plus loin
Move with Africa: donne-moi ta main, ensemble, on ira plus loin

Plusieurs mercredis après-midi par an, les élèves et leurs professeurs du collège Notre-Dame de Tournai suivent des ateliers d’éducation à la citoyenneté mondiale et solidaire menés par l’ONG qui leur a été désignée: Entraide et Fraternité. Aujourd’hui, ils abordent le concept de partenariat.

Bientôt en route pour le Rwanda, les élèves de Notre-Dame de Tournai ont encore quelques derniers rendez-vous avec l’ONG Entraide et Fraternité pour préparer leur séjour sur place. On se retrouve sur le temps de midi, un mercredi, pour déjeuner ensemble dans la salle des professeurs. L’ambiance est animée, sans doute dynamisée par les premiers rayons du soleil qui annoncent doucement la fin de l’hiver. Mais Dolores, la responsable éducation d’Entraide et Fraternité, prend les choses en main pour canaliser les énergies.

Viens dans mes bras !

« Bon, vous connaissez la chaise musicale ? » demande-t-elle à une audience encore dissipée qui acquiesce. «  Et bien cette fois-ci, nous allons jouer à un autre type de chaise musicale : la chaise musicale coopérative ! » continue Dolores. Mais qu’est-ce que cette version? C’est très simple, au lieu de jouer chacun pour soi pour sauver sa place, les joueurs doivent coopérer pour que tout le monde n’ait plus les pieds par terre à la fin de la chanson. Le défi se complique, évidemment, lorsqu’au fur et à mesure du jeu les chaises sont enlevées une à une et que les élèves doivent s’organiser pour ne pas toucher le sol. Attention, les consignes sont claires : durant le jeu, on ne veille pas uniquement à sa sécurité personnelle, mais à celle de tout le monde ! A chaque tour, une personne est désignée pour faire un mouvement que tout le monde imite. Il ne faut pas longtemps aux élèves et à leurs professeurs pour retirer petit à petit les couches de pulls qui les protègent du froid. C’est donc dans une ambiance chaleureuse et vivante que le groupe s’unit pour former différentes formes de pyramides humaines. Des corps entrelacés, agrippés les uns aux autres, des bras qui se soutiennent, un pied dans le vide et l’autre sur un petit bout de chaise, une demi-fesse appuyée sur un dossier de chaise branlante, le spectacle vaut le détour ! C’est dans le rires et les sourires, que le jeu se termine avec les 21 personnes présentes agglutinées sur 6 chaises seulement!!

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Se tenant les uns aux autres, c’est en jouant ensemble que l’on gagne le jeu!

« Alors, comment avez-vous vécu ce jeu ?» demande Dolores aux élèves encore essoufflés. « Au départ c’était vraiment chacun pour soi. Tout le monde était dans la précipitation et la peur. Puis finalement ça a évolué et on a commencé à s’entre-aider. On a formé un bloc soudé, à l’écoute les uns des autres et on y est arrivé. Nous n’étions plus dans la précipitation ; au contraire, on réfléchissait à des stratégies d’entraide » répond une élève. Un beau clin d’œil à l’ONG Entraide et Fraternité qui considère la mission plus qu’accomplie !

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Une belle pyramide humaine…parfois légèrement instable!

Le partenariat, finalement c’est quoi ?

Après ce jeu qui a nous a rendus alertes et solidaires, il est temps de passer aux choses plus sérieuses. En abordant la notion de partenariat. Finalement, c’est quoi un partenariat ? Qu’est ce qui le distingue de la notion d’aide, par exemple ? Divisés en quatre sous-groupes les élèves doivent commencer par se mettre d’accord pour définir cette notion assez vague. Quels sont les mots importants pour eux dans le concept de partenariat ? Quels sont les mots à exclure ? Finalement, les mots qui reviennent le plus souvent pour tout le monde sont confiance, entre-aide et égalité. Dolores propose une deuxième phase de réflexion sur ce concept en proposant à trois groupes la lecture d’une définition différente du mot partenariat. Le 4ème groupe, lui, reçoit les critères de définition du mot partenariat de l’ONG Entraide et Fraternité.

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Dolores explique aux élèves comment procèder à l’exercice. Il s’agira maintenant de définir la notion de partenariat.

L’objectif est d’ouvrir la discussion et de confronter différentes visions du monde pour aboutir à une entende sur le concept. « Pour nous, la définition est vraiment négative. L’auteur dit qu’il faut faire la distinction entre partenariat et assistanat et que, finalement, l’égalité n’est jamais acquise » dit un élève qui semble révolté. Mais cette vision est-elle réellement négative ou simplement réaliste ? Un fameux dicton africain dit : «La main qui donne est toujours au-dessus de celle qui reçoit ». Et c’est indéniable ! Surtout lorsqu’il s’agit d’argent. « Mais on n’est pas obligé de donner de l’argent pour que ça soit un partenariat » répond l’élève en question. Oui, car les structures locales sont toujours plus à même de connaître les réels besoins de leur population. Il est donc beaucoup plus intéressant de les soutenir financièrement et de les impliquer dans les problèmes locaux car peu de personnes externes à la communauté ne peuvent les comprendre dans leur entièreté.

Pour illustrer les choses, Dolores donne à chacun des deux groupes un témoignage écrit d’une expérience de « partenariat ». L’idée est de décider si l’écrit témoigne d’un réel partenariat tel que défini auparavant tous ensemble.

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Léon, un jeune élève, lit devant ses camarades les mots importants, selon son groupe, qui constituent le concept de partenariat.

Deux cas pratiques

La première histoire nous raconte l’expérience d’une jeune fille soucieuse d’aider les communautés rurales en Équateur qui n’ont que très peu d’accès à la médecine et aux médicaments. Elle organise une récolte de médicaments et les envoie en Équateur à une association locale. Cette démarche a suscité deux problèmes : le premier est qu’une telle quantité de médicaments a généré beaucoup de problèmes à la douane. Le deuxième, et finalement le plus important, est que les médicaments n’étaient pas adaptés aux réels besoins des populations locales. Qui-plus-est, peu étaient ceux qui comprenaient les instructions des notices. Sommes-nous en présence d’un réel partenariat ? « Non » répondent Léon et son groupe. Pourquoi ? Parce que la jeune fille n’était pas réellement à l’écoute de la population concernée, elle ne s’était pas non plus renseignée, nous explique le groupe. Une autre question à se poser est d’envisager quels sont les effets de cette action ? Et bien les effets ne sont clairement pas optimum. Il aurait mieux fallu écouter l’association locale qui connaissait mieux les besoins et quel était le matériel nécessaire pour les combler.

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En pleine réflexion, les élèves discutent et ne tombent pas  toujours d’accord. Place au débat!

Un autre groupe présente le cas de deux jeunes filles danoises, animatrices, qui décident de partir à Madagascar avec leur matériel pour animer des jeunes défavorisés. Sur place, elles rencontrent deux autres jeunes filles malgaches avec qui elles se lient d’amitié. Ensemble, elles organisent des activités pour les enfants. Bientôt vient le jour du départ et les deux jeunes filles rentrent chez elles au Danemark. Cependant quelque temps après leur retour, les voici surprises de recevoir un mail de détresse de leurs amies restées à Madagascar. Dans ce mail, les deux Malgaches leur demandent de l’aide en leur expliquant les difficultés rencontrées pour acheter et même trouver le matériel danois que les jeunes filles avaient amenés. Vu la situation, les deux animatrices danoises finissent par envoyer le matériel depuis le Danemark jusqu’à Madagascar. Est-ce donc un partenariat qui est né entre ces quatre amies ? « Non. Car en voulant bien faire, les Danoises ont créé une dépendance à du matériel introuvable à Madagascar » répondent les élèves du groupe. Et oui ! Au lieu d’amener du matériel depuis le Danemark, il aurait mieux fallu analyser les ressources locales pour permettre à l’association de continuer son travail d’animation.

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On discute… et on est déjà paré de son beau pull Rwanda/Belgique ne formant qu’un seul et unique drapeau!

Réfléchir ensemble aux besoins et aux objectifs

Ce ne sont donc pas les intentions qui sont problématiques dans la création d’un partenariat. Il faut surtout focaliser sa réflexion sur les modalités, les effets recherchés et la continuité du projet. Malgré notre bonne volonté, il ne s’agit pas d’imposer une aide irréfléchie, qui ne prend pas en compte les aspects sociaux, économiques, climatiques et autres. Pour que les conséquences soient positives, il faut s’unir aux personnes concernées, collaborer ensemble et échanger pour s’enrichir l’un de l’autre et aboutir à un projet cohérent et efficace.

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Une belle énergie et beaucoup de tendresse était présente dans ce groupe qui semble soudé et prêt à partir!

C’est cet échange qui est fondamental et qui est l’objectif ultime du travail de Move With Africa. L’échange enrichit et élargit nos horizons de pensées. Calfeutrées dans les petites parcelles de notre cerveau, nos idées sont parfois fixes et imperturbables. Elles proviennent de notre univers social et culturel et présentent inéluctablement des failles ou des manques. Confronter ses idées à celles des autres est toujours passionnant pour celui qui sait le vivre avec recul et ouverture d’esprit. Cela nous permet d’apercevoir nos propres contradictions, nos incohérences ou cohérences, les sujets qui sont plus émotionnels que d’autres pour nous et pour les autres et de comprendre parfois que l’importance d’une valeur donnée n’est pas la même chez l’un ou chez l’autre. Étonnamment les slogans, malgré leur simplicité évidente, prennent soudainement tout leur sens, tel celui souvent clamé en Belgique : «l’union fait la force « !

Contre toute attente, ce slogan qui se voulait nationaliste nous entraîne à la rencontre de l’autre et de toutes ses facettes ! Bonne route à tou.te.s !

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Avec La Libre Afrique

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