Le président soudanais Omar el-Béchir, au centre-droite, et la Première dame Widad Babiker Omer, à gauche, à Khartoum le 24 décembre 2017.

Les autorités soudanaises ont menacé jeudi de poursuivre les organisateurs des manifestations antigouvernementales qui secouent le pays depuis près de deux mois, les accusant d’appeler à la violence et de menacer la sécurité nationale.

Cet avertissement intervient au lendemain de la première conférence de presse organisée par l’Association des professionnels soudanais, fer de lance de la contestation, qui a appelé à poursuivre le mouvement jusqu’à la chute du régime du président Omar el-Béchir.

« Le régime doit tomber, c’est notre objectif », avait déclaré Mohamed Youssef, un porte-parole de l’Association des professionnels soudanais lors d’une conférence de presse, au siège d’Al-Oumma, principal parti d’opposition, à Omdourman, ville voisine de Khartoum.

L’Association des professionnels soudanais avait exclu toute négociation avec M. Béchir, au pouvoir depuis un coup d’Etat en 1989 pour renverser Sadek al-Mahdi, dernier Premier ministre démocratiquement élu et aujourd’hui à la tête d’Al-Oumma qui soutient la contestation.

M. Youssef avait également appelé les formations politiques et les militants à signer un « Document pour la liberté et le changement » qui expose selon lui les grandes lignes d’un plan de l’après-Béchir, incluant une refonte du système judiciaire et un arrêt du déclin économique du pays.

« Nous avons maintenant la confirmation que ce groupe pour la liberté et le changement, appelle à la violence », a déclaré M. Hassan.

– « Arrestations systématiques » –

Le Soudan est secoué depuis le 19 décembre par des manifestations déclenchées par la décision du gouvernement de tripler le prix du pain et des centaines de Soudanais se sont à nouveau rassemblés jeudi, les manifestations antigouvernementales étant devenues quasi quotidiennes.

L’Association des professionnels avait appelé cette fois-ci à des manifestations pour soutenir les populations touchées par les conflits dans les Etats soudanais du Darfour, du Nil Bleu et du Kordofan-Sud.

Dans le centre de Khartoum, des centaines de manifestants ont scandé « liberté, paix, justice », principal slogan du mouvement. Ils ont été rapidement dispersés par la police anti-émeute qui a eu recours au gaz lacrymogène et à des arrestations, selon des témoins.

Les forces de sécurité ont également tiré au gaz lacrymogène sur des manifestants rassemblés dans le quartier de Bahari dans le nord de Khartoum, ont indiqué des témoins.

Des habitants d’un camp de déplacés dans la région du Darfour (ouest) ont également défilé. « Les habitants du camp Zam Zam scandent des slogans antigouvernementaux », a affirmé par téléphone à l’AFP Mohamed Issa, un habitant. « Les gens à travers le pays manifestent pour nous, les victimes de la guerre au Darfour ».

Depuis 2003, le Darfour est en proie à des combats entre pouvoir et rebelles des minorités ethniques qui se sentent marginalisées. Le conflit a fait plus de 300.000 morts et 2,5 millions de déplacés, selon l’ONU.

Depuis le début des troubles, Omar el-Béchir, qui fait l’objet de plusieurs mandats d’arrêt par la Cour pénale internationale (CPI) pour sa responsabilité présumée dans des exactions au Darfour, a exclu de démissionner et imputé les manifestations à des « conspirateurs ».

Selon un bilan officiel, 30 personnes sont mortes depuis le début du mouvement. L’organisation de défense des droits humains Human Rights Watch (HRW) fait état de 51 morts.

Des organisations de défense des droits humains ont fait état de centaines d’arrestations, dont des chefs de l’opposition et des militants. Selon Reporters sans frontières (RSF), au moins 79 journalistes ont été arrêtés.

« Ces arrestations systématiques ont non seulement ciblé les journalistes couvrant les protestations mais aussi les reporters qui ont osé manifester contre la politique de censure du régime », a accusé RSF.



    Avec VOA Afrique

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