BÉNIN/CULTURE : Un festival pour apporter le jazz dans les villages du lac Nokoué
Emmanuel N’Djoke Dibango, dit Manu Dibango, saxophoniste et chanteur franco-camerounais de « world jazz », se produit lors d’un concert à l’Ivory Hotel , Abidjan, le 29 juin 2018.

 

Sur la berge de la lagune qui conduit à So-Ava, une cité lacustre située à une trentaine de km de Cotonou, Athanase Dehounon s’affaire à sortir des instruments de musique de leurs caisses. Après trente ans de carrière avec des tournées sur tous les continents, ce musicien béninois a décidé de fonder le Nokoué Jazz Festival, un rendez-vous musical dans les villages lacustres, souvent mis à l’écart du monde culturel.

« Notre objectif en faisant ce festival est d’allier musique et lieu d’exception », déclare sa collègue Virginie Bulu, membre du comité d’organisation.
« Le jazz tire son origine des musiques de chez nous. C’est la mère de toutes les musiques, c’est pourquoi ce festival rend hommage à cette musique. »

Ce weekend, le long de la berge, les vendeuses de poissons et autres piroguiers ont donc disparu au profit d’une foule de touristes, d’étudiants en art et surtout de curieux venus assister aux concerts. C’est une première dans cette commune lacustre, construite sur des pilotis en bois, où les conditions de vie sont très précaires. Nihad Soulé, élève en classe de Terminale est venue tôt sur les lieux. L’adolescente se dit « surexcitée à l’idée de vivre son premier spectacle de jazz. » Elle en a longtemps rêvé.

En attendant le concert, la berge s’anime. Juchés sur des piquets en bambou de trois à quatre mètres, les porteurs de masque « kpodjiguèguè » défilent, dansent et font des numéros d’équilibristes particulièrement risqués. « J’ai vraiment peur pour lui« , s’exclame la petite Nicole, 12 ans, cachant son visage des mains. Le danseur poursuit son spectacle. Il pousse son audace loin, enjambe un tonneau vide et enchaine les acrobaties au son d’un grand tam-tam, le houngangbo et sous le regard fasciné de la foule.


Mille festivaliers sur l’eau 

Malgré les 37 degrés qui surchauffent la berge, Henry Follonyer, un touriste venu de Suisse, ne peut s’empêcher d’esquisser quelques pas de danse aux côtés des batteurs. Bouteille de bière à la main, cet « habitué de l’Afrique » découvre un spectacle inédit. « On assiste ici à un phénomène », lance-t-il, enthousiaste.

Le Nokoué Jazz festival, c’est surtout une caravane sur l’eau au son des sonorités musicales du lac Nokoué, l’un des plus grands du Bénin. Dans une grande pirogue, six acrobates, pagaie en main, font des pirouettes. Ils dansent, sautent dans l’eau quand les batteurs accélèrent le rythme des tam-tams.

« C’est le groupe folklorique Tito Mangba de Ganvié« , explique Athanase Dehounon, le coordinateur, à un touriste qui capte l’image des danseurs depuis sa barque motorisée. La procession sur l’eau s’étend presque à perte de vue. Plus d’une dizaine de barques à moteur et deux pirogues. A leur bord, environ mille festivaliers et spectateurs. La parade va durer plus de trois heures au cours desquelles deux arrêts ont été marqués pour permettre à la population locale de danser avec les festivaliers.


Instant jazz sur le lac

Au beau milieu de l’eau, les autres instrumentistes battent en retrait et laissent les membres du Wood Sound, un groupe de jazz très célèbre qui assure des spectacles dans des cabarets huppés de Cotonou, prendre la relève. Arrive enfin « l’instant Jazz« . Dègla Awohouédji n’attendait que ça. Cet acteur culturel béninois a embarqué deux de ses amis pour l’accompagner sur le Nokoué Jazz festival. « Pour moi le jazz c’est un tout, un mélange de couleurs et de vie« , confie-t-il à l’AFP.

« Le cadre est magnifique et cette caravane sur le lac Nokoué avec des musiciens devient encore plus intense à mesure que la nuit approche« , sourit-il, esquissant des pas de danse à l’intérieur de sa barque. « Savourer le jazz au rythme des sonorités du monde entier et en même temps que d’être bercé par le lac Nokoué est une expérience unique, que j’ai beaucoup appréciée », lâche-t-il.

Avec AFP

Avec VOA Afrique

Laisser un commentaire

Your email address will not be published.

For security, use of CloudFlare's Turnstile service is required which is subject to the CloudFlare Privacy Policy and Terms of Use.

I agree to these terms.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.