Un homme armé fait une garde dans le quartier de PK5, à Bangui, RCA, le 15 novembre 2017.

L’ONU a accordé à la Russie et à la Chine de nouvelles exemptions à l’embargo sur les armes imposé à la Centrafrique, qui devrait être renouvelé jeudi pour un an supplémentaire par le Conseil de sécurité de l’ONU, mais peut-être pour la dernière fois.

Rédigé par la France, un projet de résolution exprime en effet pour la première fois « l’intention » du Conseil de sécurité d’assouplir d’ici au 30 septembre l’embargo en vigueur depuis 2013, en fonction d’une évaluation des progrès réalisés en matière sécuritaire dans le pays.

A cette fin, des critères vont être établis et une évaluation demandée au secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, d’ici le 31 juillet.

Les autorités centrafricaines, qui réclament depuis longtemps la fin de l’embargo sur les armes pour mieux lutter contre les groupes armés qui contrôlent la majorité du pays, seront aussi mises à contribution pour un rapport à remettre d’ici lu 30 juin sur les mêmes sujets, prévoit le projet de résolution auquel a eu accès l’AFP.

Des « critères-clés clairs et bien identifiés » vont être définis d’ici au 30 avril sur « la réforme du secteur de la sécurité, le désarmement, la démobilisation, le processus de réintégration et de rapatriement (des combattants), la gestion des armes et munitions ».

Ils « permettront au Conseil de sécurité de revoir l’embargo sur les armes » d’ici à fin septembre, précise le texte.

Lundi, environ 3.000 Centrafricains, dont le Premier ministre Mathieu Simplice Sarandji, avaient manifesté à Bangui pour exiger à nouveau la levée de l’embargo.

« Le gouvernement respecte l’embargo alors que les groupes armés reçoivent des armes. Le peuple centrafricain ne peut pas comprendre cette loi de deux poids, deux mesures », a affirmé le Premier ministre.

– « Bonne idée » –

Selon des diplomates, le projet de résolution devrait être adopté à l’unanimité, y compris avec le soutien de la Russie aux critiques virulentes à l’égard de la France en décembre lors du renouvellement de la mission de Casques bleus (11.650 militaires et 2.080 policiers).

Dénonçant alors une approche « orgueilleuse » de Paris dans la négociation, l’ambassadeur russe à l’ONU, Vassily Nebenzia, avait estimé que les pays africains indépendants étaient traités « comme des pré-carrés ».

Pour le renouvellement de l’embargo sur les armes, le ton a radicalement changé. « Nous pensons que c’est une bonne idée d’avoir un réexamen de l’embargo » en fin d’année, a déclaré mercredi à l’AFP Vassily Nebenzia.

« Une perspective est ouverte » pour la fin de l’embargo mais « sans engagement », relève un diplomate sous couvert d’anonymat.

Dans l’attente du réexamen, une nouvelle demande d’exemption de l’embargo faite par la Russie – de plus en plus impliquée dans l’ex-colonie française, en soutien au président Faustin-Archange Touadera -, concernant des pistolets, des kalachnikovs et des munitions, vient d’être acceptée par l’ONU.

Cette demande d’exemption avait suscité des réserves des Etats-Unis, de la France et du Royaume-Uni. Mais Paris a levé ses objections le 25 janvier et Washington et Londres ont fait de même mercredi, selon des diplomates.

La Russie avait déjà obtenu de l’ONU au cours des dernières années des exemptions pour livrer des armes aux forces de sécurité centrafricaines, entourées de conditions sur leur stockage et leur traçabilité.

La France avait aussi bénéficié l’an dernier d’une exemption pour remettre des fusils d’assaut aux unités de l’armée formées par l’Union européenne.

En 2018, la Chine avait également demandé une exemption pour livrer des armes, longtemps bloquée à l’ONU. Selon une source diplomatique, elle a finalement été accordée récemment après une reformulation de la demande chinoise, qui ne portait plus sur des armes létales et de l’armement anti-aérien, mais principalement sur des véhicules.

La France intervient à l’occasion en Centrafrique avec des avions de chasse venus du Tchad pour apporter un soutien aérien à la force de Casques bleus de l’ONU déployée dans le pays.

La Centrafrique a sombré dans la violence après le renversement en 2013 de l’ex-président François Bozizé par la rébellion Séléka, entraînant la contre-offensive de groupes antibalaka, milices se présentant essentiellement comme chrétiennes.

Depuis une semaine, des pourparlers de paix sont menés à Khartoum entre le gouvernement et des groupes armés contrôlant la plus grande partie de la Centrafrique.

Avec AFP



Avec VOA Afrique

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