Le Patron du football centrafricain Patrice-Edouard Ngaissona, participe à la 40eme Assemblée générale de la CAF à Casablanca, au Moroc, le 2 février, 2018.

Patron du football centrafricain et ex-milicien, Patrice-Edouard Ngaïssona, arrêté à la mi-décembre en France, a été transféré mercredi à la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre présumés.

« Aujourd’hui, le 23 janvier 2019, M. Patrice-Edouard Ngaïssona a été transféré à la Cour pénale internationale à La Haye, aux Pays-Bas, par les autorités de la République française », a annoncé la Cour dans un communiqué.

« Ce transfert fait suite à l’accomplissement des procédures nationales nécessaires en France, où il avait été arrêté le 12 décembre 2018 », a-t-elle précisé.

M. Ngaïssona, 51 ans, est soupçonné d’avoir commis ou aidé à commettre des crimes de guerre et crimes contre l’humanité dans l’ouest de la République centrafricaine entre septembre 2013 et décembre 2014.

Malgré un lourd passif dans son pays à la tête des milices antibalaka, M. Ngaïssona avait réussi à se faire élire dans les instances dirigeantes du football africain, provoquant l’indignation des défenseurs des droits de l’homme.

Brièvement ministre centrafricain des Sports en 2013, il avait été élu en février 2018 au comité exécutif de la Confédération africaine de football (CAF). Il est aussi président de la Fédération centrafricaine de football.

Fin décembre, la cour d’appel de Paris avait donné son feu vert à la remise de M. Ngaïssona à la CPI, qui avait délivré un mandat d’arrêt le visant au début du même mois.

La date de sa première comparution devant la Cour pénale internationale « sera annoncée prochainement », a indiqué la CPI.

D’après la Cour, il y a des « motifs raisonnables » de croire qu’une « attaque généralisée et systématique a été perpétrée par les antibalaka contre la population civile musulmane et quiconque semblait soutenir la Séléka ».

Créées en 2013 après la prise du pouvoir à Bangui par les rebelles de la coalition de la Séléka, les milices autoproclamées d’autodéfense antibalaka ont pris les armes en prétendant défendre les intérêts des chrétiens et en représailles aux exactions des groupes armés musulmans.

A la chute du président Michel Djotodia issu de la Séléka en 2014, ces milices peu structurées se sont lancées dans une chasse aux musulmans dans Bangui et ses environs, faisant des centaines de morts.

– « Porte-parole de la paix » –

Le nom de M. Ngaïssona est régulièrement cité dans les rapports de l’ONU et dans les notes d’enquête de la justice centrafricaine comme l’un des chefs des milices antibalaka qui ont semé la terreur dans le pays.

« En tant que plus haut dirigeant et coordinateur général national des antibalaka », il est notamment accusé par la CPI de « meurtre et tentative de meurtre, extermination, déportation ou transfert forcé de population » ainsi que de « l’enrôlement d’enfants de moins de 15 ans ».

Lui-même rejette ces mises en cause.

« J’étais un porte-parole qui a amené la paix en Centrafrique et non un chef de guerre », s’était défendu M. Ngaïssona devant la cour d’appel de Paris. Il avait affirmé par ailleurs qu’il n’était « pas au pays » au moment des faits qui lui sont reprochés.

Son arrestation est intervenue quelques semaines seulement après la remise à la Cour d’un autre ex-chef de milice antibalaka, Alfred Yekatom, parfois surnommé Rambo.

Elle « marque une étape importante dans l’exécution de la mission qui nous a été confiée » en Centrafrique, avait déclaré le procureur de la CPI.

A la suite de l’arrestation de M. Ngaïssona, qui avait été diversement accueillie en Centrafrique, deux des principaux mouvements des milices antibalaka avaient appelé leurs représentants à se retirer du processus de désarmement mis en place en 2017 dans le pays.

Avec AFP



Avec VOA Afrique

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