Tentative de coup d'état : Un bluff ?

Au petit matin du 7 janvier 2019, le Lieutenant Kelly Ondo Obiang de la Compagnie d’Honneur des Forces de Défenses et de Sécurité s’empare des locaux de la télévision et radio nationale, au nom du Mouvement Patriotique des Jeunes des Forces de Défense et de Sécurité. Ce dernier argue que le Président de la République, Ali Bongo Ondimba, officiellement en convalescence au Maroc, est embrigadé par une poignée de collaborateurs avec le silence complice de la hiérarchie militaire. L’acte posé résulte-t-il d’une volonté manifeste de mettre un terme au débat inhérent à l’incapacité ou pas d’Ali Bongo Ondimba à assumer la fonction présidentielle, après son AVC ? Ou faut-il y voir un grossier canular visant à détourner l’attention de l’opinion publique ?

C’est certainement le coup d’état « le plus bref du monde » ! Une tentative de passage en force enrayée en quelques heures. D’où les critiques et autre railleries enregistrées çà et là voire au-delà des frontières nationales. On en veut pour preuve, le vocable « plaisantins » utilisé par Guy-Bertrand Mapangou, Ministre de la Communication, par ailleurs Porte-parole du Gouvernement pour qualifier le groupe des putschistes à la tête duquel se trouve le désormais tristement célèbre Kelly Ondo Obiang. Si ses hommes et lui voulaient vraiment porter sur les fonds baptismaux un « Conseil National de la Restauration », comme ils l’ont prétendu, leur stratégie aurait due être plus huilée.

Pourquoi, le Lieutenant putschiste s’est-il contenté uniquement de réciter les étapes basiques d’un coup d’état. En atteste son appel à la prise en otage des médias et autres armureries du pays par les militaires de réserve, en activité ou retraités. Quand on connaît l’obstination légendaire des « corps habillés » dont l’une des devises est « vaincre ou périr », le geste pose problème à de nombreux observateurs. Sinon comment comprendre que le « héros » des uns et « plaisantin » des autres a été cueilli pour ainsi dire « comme un rat », sous un lit, pendant son éphémère cavale.

Une blague de mauvais goût ?

Après la torpeur et le recul aidant, l’acte de Kelly Ondo Obiang apparaît aux yeux de certains esprits avisés dont celui de l’enseignante et membre de la Société civile Laurence Ndong, comme une farce aussi grosse que le nez sur le visage. C’est un truisme d’affirmer, et ce, sans ambages que le secteur du Renseignement est certainement celui qui fonctionne le mieux au Gabon. Il est donc difficile de croire que les putschistes, (Ndlr : de surcroît membres de la « très réputée et surveillée » Garde Républicaine) ont pu tromper la vigilance de ce corps dit d’élite. S’il est vrai que la bande à Kelly Ondo Obiang a frappé nuitamment, la facilité avec laquelle celle-ci a pris possession de la radio et télévision nationale est déconcertante voire inconcevable.

Nul besoin de rappeler que depuis les dernières émeutes postélectorales, des gendarmes sont en faction à la Maison George Rawiri. Mieux, à quelques encablures de là précisément au Rond point menant au Boulevard Jean Paul II, une autre unité de gendarmerie y est postée. Les agents, postés aux points névralgiques de la capitale, sont-ils juste là à titre dissuasif ? L’arrestation de Kelly Ondo Obiang donne également du grain à moudre aux adeptes de la thèse de la « mascarade ». En effet, aucune image n’a été diffusée sur la télévision nationale qu’il a pourtant prise en otage quelques heures plus tôt. Il aurait été de bon de rendre publique ladite arrestation, au moins pour rassurer les populations traumatisées par les détonations des coups de feu.

L’arrestation en catimini des putschistes rappelle à bien des égards celle de Roland

Désirée Aba Minko, lui également auteur d’une prise d’otage dans plusieurs médias de Libreville au lendemain de la présidentielle de 2016. Depuis lors plus aucune information n’a filtré sur son sort. A-t-il été jugé ? Où se trouve-t-il désormais ? Autant d’interrogations restées à ce jour sans réponse. Le cas de Kelly Ondo Obiang risque d’être similaire.


Paul Ndombi



Avec Gabon Eco

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