LIBERIA

Un an après, Weah est-il toujours en échauffement ?

Le 26 décembre 2017, le peuple libérien portait,  à la magistrature suprême du pays, la star du football mondial, Georges Weah, au terme d’une élection serrée qui s’est jouée à deux tours,  face à Joseph Boakai, vice-président du chef de l’Etat sortant, Ellen Johnson Sirleaf. Ce triomphe de l’ancienne vedette des stades avait, en son temps, soulevé des montagnes d’espoir chez de nombreux habitants de la terre d’accueil des anciens esclaves noirs américains. Et pour cause. Le pays revenait de loin. Car, aux séquelles d’une histoire écrite en lettres de sang par la dictature et la guerre civile, s’étaient associés les ravages de la fièvre hémorragique du virus Ebola pour créer une pauvreté endémique au bout de laquelle n’était pas parvenue l’opiniâtreté de la seule femme, alors chef d’Etat en Afrique, malgré toute la sympathie de la communauté internationale qui lui a décerné en récompense de ses efforts, le Prix Nobel de la Paix et le Prix Mo Ibrahim. Une année après, quel bilan donc peut-on faire de la présidence de Weah ?

Il est certes prématuré de faire un bilan à mi-parcours du mandat du fils des « natives » en opposition aux descendants d’Africains-Américains  qui, pendant longtemps, ont détenu les leviers du pouvoir. Mais en regardant de très près, on peut trouver de bons signaux. Et en la matière, malgré la bien compréhensible impatience des Libériens à laquelle se mêlent craintes et crispations aujourd’hui, il y a des lueurs d’espoirs. En effet, près de 25 millions de dollars ont été injectés dans l’économie nationale en mesures monétaires d’urgence pour éponger la liquidité excessive des dollars libériens et renforcer les pouvoirs de la Banque centrale. Par ailleurs, même s’il existe encore des blocages techniques, la réforme foncière réclamée de longue date et préparée sous Ellen Johnson  Sirleaf, a été promulguée pour permettre aux communautés villageoises de pouvoir posséder des terres et de développer l’agriculture afin d’améliorer leur niveau de vie.

Weah  doit faire attention à son entourage

Enfin, un autre signal fort, c’est la gratuité de l’université, qui va ouvrir le chemin de l’enseignement supérieur à des milliers d’étudiants qui en auraient été éloignés en raison des frais d’inscription trop onéreux. L’un dans l’autre, l’on peut donc dire que même si ce n’est pas à grandes foulées, l’attaquant progresse vers le but. Les Libériens doivent d’ailleurs comprendre qu’il en est des réformes structurantes comme des arbres, elles ne produisent que rarement les toutes premières années.

Cela dit, dans cette 1ère année de gestion du pouvoir d’Etat par le célèbre footballeur, il y a des rendez-vous manqués qui peuvent lui valoir un carton jaune. Il s’agit principalement de la lutte contre la corruption dont il avait fait son cheval de bataille pendant la campagne. Les Libériens suivent de près mais avec beaucoup d’inquiétude le scandale des 100 millions de dollars qui se sont volatilisés dans la nature et où sont impliqués des officiels. Alors qu’une enquête est en cours, l’on annonce que les billets ont été retrouvés. Une déclaration étrange pour de nombreux observateurs qui pensent que le pouvoir tente d’étouffer l’affaire, surtout que ces derniers temps, le pays fait face à une pénurie de billets de banque.

En tout cas, l’affaire des 100 millions de dollars évaporés, vient rappeler à Weah qu’il doit faire attention à son entourage. Son destin politique qui peut l’avoir surpris, peut virer à une teinte ténébreuse s’il ne sait pas faire preuve de fermeté face à cet environnement qui, certes l’a suscité, mais qui, à bien des égards, est malsain. C’est une exigence qu’il se doit d’avoir pour lui-même et pour ceux qui ont cru en lui car il est parti avec des a priori défavorables en raison de sa culture politique que d’aucuns ont qualifiée d’insuffisante.

SAHO 

  



Avec lepays.bf

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