Afrique/RDCongo: les élections les plus chères qu’ait connu le Congo seront-elles les moins crédibles?

Le Groupe d’études sur le Congo (GEC) , basé au Centre de coopération internationale de l’Université de New York, publie ce mardi un second rapport sur le processus électoral au Congo. Cette seconde partie, longue de 30 pages est intitulée « Les élections de tous les dangers – Les imbroglios techniques ».

L’étude se concentre sur le cadre technique des élections présidentielle, législative nationale et législative provinciale du 23 décembre. Ses auteurs concluent que les retards enregistrés dans l’organisation des élections – deux ans après la date légale – « ont été principalement orchestrés par la coalition au pouvoir, via la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), le gouvernement et le Parlement ».

7 ou 14 millions de voix potentiellement douteuses

Pour ce faire, ceux qui sont aujourd’hui les animateurs du Front commun pour le Congo (FCC, coalition kabiliste pour les élections), « ont eu recours à plusieurs leviers: les négociations politiques, la mise en place de contraintes budgétaires (budget surévalué, retards dans les décaissements, refus de l’assistance internationale) ou techniques (découpage du pays en vingt-six provinces, refonte du fichier électoral, diversification des fournisseurs, machine à voter) ».

Aujourd’hui, à un mois des scrutins, « les anomalies dans le processus électoral risquent d’entamer la crédibilité des résultats ».

Ainsi, « le 23 décembre, il pourrait y avoir » dans le fichier électoral « plus de 7 millions de voix potentiellement frauduleuses », la Ceni s’étant montrée « hostile » à toute vérification de la qualité de l’enrôlement des électeurs, enquête ou analyse qualitative du fichier et à tout audit citoyen. Selon l’étude, « cette proportion de voix douteuses pourrait même atteindre les 14 millions si la Ceni décide d’autoriser le vote des électeurs en dehors de leurs bureaux comme en 2006 et en 2011 ». Ces 14 millions de voix représenteraient un tiers de l’électorat.

La refonte totale du fichier électoral pour éviter d’entacher sa crédibilité avait pourtant été avancée en 2015 par la Ceni pour justifier le retard dans l’organisation des scrutins dus.

Autre anomalie importante: les modalités de vote, qui changent à chaque cycle électoral (mode de scrutin, cartographie électorale, critères d’éligibilité des candidats), « dans la précipitation et sans consensus », ce qui fait soupçonner une manipulation du droit par les autorités en leur faveur.

Les élections les plus chères

Ces élections, notent encore le rapport, sont aussi les plus chères: celles de 2006 (5 scrutins), organisées par la communauté internationale, avaient coûté quelque 800 millions de dollars, financés essentiellement par l’Union européenne et l’Onu. Celles de 2011, organisées par le gouvernement congolais, avaient coûté un peu moins, mais pour seulement deux élections (présidentielle – passée à un seul tour – et législative nationale): 400 millions pour les deux scrutins; 90 millions pour une mise à jour du fichier électoral de 2006; 160 millions pour l’appui technique et logistique de la Monusco (Mission de l’Onu au Congo). Pour celles du 23 décembre – au nombre de trois seulement – 900 millions de dollars ont été prévus au budget, dont 400 millions pour le seul enrôlement des électeurs.

Au total, « les élections les plus chères qu’ait jamais connues le Congo pourraient également s’avérer les moins crédibles de son histoire », concluent les auteurs. « Elles pourraient perpétuer la crise de légitimité que traversent toutes les institutions de l’Etat ».

Avec La Libre Afrique

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