Nécrologie/Africa N°I en deuil : Lionel Gaston Ndombi Mbadinga n'est plus

Il est difficile d’accepter une information de cette nature même si l’on sait la mort le triste sort de l’humanité. Tant le technicien de production qui vient d’être rappelé au seigneur ne méritait pas de sitôt, surtout un tel sort. En effet, celui que tous ses collègues avaient pris l’habitude d’appeler « Ndombi Opetum », allusion à l’artiste musicien congolais Ndombe Opetum, auteur compositeur de l’opus « Mawe » s’est tout au long de sa vie fait remarquer par son caractère affable et par son goût du travail bien fait pour qu’il nous soit permis d’avancer qu’il laisse derrière lui de trop nombreux esprits affaiblis à l’idée de penser qu’ils ne le reverront plus dans ce monde. Quelle image « Opetum » nous laisse-t-il ?

Au premier contact avec l’homme, il vous donnait l’impression qu’il était fait pour cohabiter avec ses semblables. Et pourtant, c’est ce tempérament qui l’aura, nous dit-on, conduit à rejoindre prématurément ceux qui nous ont devancé dans l’au-delà. Comme pour corroborer l’idée si répandue qui veut qu’il ne fait pas être bon dans ce bas monde. Qu’est-ce qui emporte si vite l’un des techniciens les plus talentueux, dévoué, professionnel, humble, altruiste et bon esprit que la radio africaine ait connu ? Si ce n’est que le monde dans lequel nous vivons ne veut pas ou ne s’accommode que très rarement de personnes qui unissent autant de vertus. Serait-il là où règne le diable ?

Que si puisqu’à entendre plusieurs hommes parler, l’on a l’impression que la colère de Dieu qui devait, selon nombre d’entre nous, sanctionné sévèrement les êtres animés de mauvaises intentions et prompts à nuire à leurs prochains, n’est que trop lente pour amener chacun d’entre nous s’interroger sur les lendemains et sur ce que devrait être sa partition dans une environnement beaucoup plus marqué par le mal que par le bien.
Un mal de dos, une sciatique, une insuffisance rénale, autant de maux soupçonnés sur Lionel qui a d’abord cru que la médecine moderne était celle qui pouvait l’éloigner des ennuis de santé qu’il connaissait ces temps derniers, alors qu’à l’expérience, il était question de maladie convoquant des soins traditionnels, un chemin qu’il a malheureusement pris en dernière heure sur l’insistance de collègues et peut-être aussi de parents qui se sont, selon des informations fiables, résolus à l’amener chez un tradipraticien auprès de qui il n’a malheureusement pu obtenir gain de cause.

De nos derniers contacts téléphoniques qui ne remontent pas à longtemps, il s’est dégagé des propos de celui qui vient de nous quitter non pas un désespoir, mais une inquiétude prononcée devant ce que ce bas-monde peut bien réserver comme surprise à des êtres de son acabit qui ne militent que pour le bien de l’espèce humaine, sans qu’ils ne trouvent hélas suffisamment d’esprits positifs pour avec eux développer les mêmes arguments.

Lionel se sentait lâché !

En langue « punu » du terroir, il ne cachait pas sa désolation, exprimant sa crainte de se voir dans l’au-delà prématurément, sans trop savoir pourquoi et surtout parce qu’à son humble avis, il ne s’agissait pas du plan de Dieu lui-même. Cette mort qui ne laisse personne insensible parmi tous les agents d’Africa N°I, vu qu’elle intervient alors qu’ils purgent plus de 15 mois sans salaires ne peut qu’être vécue très douloureusement par des habitants d’un pays dont la luxuriance est vantée de l’extérieur, mais qui ne semblent pas bénéficier des atouts que le Seigneur a mis à la disposition de cet îlot de richesse dans un océan de pauvreté. C’est ici l’occasion de se demander si Lionel n’aurait pas survécu au mal qui l’a entrainé s’il n’avait pas été victime de l’abandon dans lequel l’a laissé la société, le dénuement dans lequel il a passé les quinze derniers mois de sa vie, avec lui tous ses collègues qui ont pour beaucoup opté pour la résignation en dépit des discours rassurants sur l’avenir de la radio Africa N°I tenus par des « optimistes du dimanche », bons à distiller des paroles rassurantes alors qu’au fond d’eux-mêmes s’éternisent des idées machiavéliques et scélérates.

Africa N°I qui redoute désormais les jours à venir, convaincue qu’elle est qu’il ne fait pas bon être Gabonais et talentueux ou désireux de vouloir prouver de quoi l’on est capable dans un univers plus que jamais tourné vers l’extérieur. C’est peut-être aussi, pensent les agents de la radio, leur péché mignon. Car, à beau vouloir démontrer qu’ils ne sont en rien responsables de l’état de déliquescence dans lequel se trouve leur outil de travail et qu’ils s’en sont à maintes reprises plaints auprès des autorités compétentes, ils ont chaque fois essuyé des revers loin de les laisser insensibles dans un pays où le premier des citoyens a pourtant répété à tous ceux qui veulent le croire qu’il ne sera heureux que lorsque chaque Gabonais sera heureux. Allez-y comprendre ! Comment en reprenant ces propos être heureux quand on sait des familles entières frappées par le syndrome de la précarité avec ce qu’elle sous-entend ?

Et quoi aujourd’hui dire à Lionel qui aurait pu éviter le pire s’il n’avait été victime d’un traitement à la limite inhumain, car ni lui, ni ses collègues n’ont jamais voulu baisser pavillon, au point de ne plus vouloir travailler, simplement faut-il rappeler et préciser à nouveau, le matériel de travail est frappé d’obsolescence et il n’est pas de la compétence des personnels de remettre les émetteurs, les studios, les cabines techniques, bref, tout ce qui sert à travailler au goût du jour. Mais que l’on sache que nous aussi le suivrons et qu’il ne devait pas être de notre intérêt de vouloir cette mort supplémentaire survenant après celle de Corinne Monedzip suite à laquelle l’État avait consenti le paiement de quelques mois d’arriérés de salaires aux agents désemparés.


Dounguenzolou

Avec Gabon Eco

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