En Chine, les autorités renforcent leur cadre sécuritaire en extrayant les données personnelles de téléphones d'individus interpellés dans la rue. Photo : Reuters/Aly Song

En Chine, les autorités renforcent leur cadre sécuritaire en extrayant les données personnelles de téléphones d’individus interpellés dans la rue. Photo : Reuters/Aly Song

En Chine, des méthodes gouvernementales de surveillance et d’espionnage permettant de siphonner les données contenues dans un téléphone intelligent se répandent peu à peu dans tout le pays, donnant l’occasion aux policiers de mieux traquer la « dissidence ».

Cette récolte numérique, réalisée à l’aide d’un appareil de la taille d’un ordinateur de bureau ou par l’entremise d’un terminal portatif, a d’abord été testée dans le Xinjiang, une région de l’extrême-ouest de la Chine où les tensions sociales sont particulièrement vives.

De là, les protocoles et les appareils ont lentement migré vers l’est, jusqu’à se retrouver aujourd’hui dans la quasi-totalité des provinces chinoises, en plus de commencer à trouver leur place dans les commissariats de police de villes telles que Shanghai et Pékin.

Des documents gouvernementaux consultés par Reuters et de rares précisions de la part de responsables permettent de constater que des postes de police de presque toutes les provinces du pays ont tenté d’acheter ces appareils d’extraction de données depuis 2016, coïncidant avec une forte hausse des dépenses à des fins de sécurité interne et un resserrement de l’appareil sécuritaire pour étouffer la contestation.

Ni le ministère de l’Industrie et des Technologies de l’information ni le Bureau de la sécurité publique, qui supervise les projets sécuritaires à saveur technologique du gouvernement, n’ont répondu à une demande de commentaire.

Une fois connectés aux téléphones intelligents, les appareils peuvent outrepasser les mesures de sécurité et récupérer les listes de contact, les photos, les vidéos, les publications sur les réseaux sociaux et les courriels.

Des millions en dépenses

Si les données obtenues par Reuters ne portent que sur une partie des dépenses en matière de sécurité, avec les requêtes provenant de 171 commissariats répartis dans 32 des 33 provinces, régions et municipalités chinoises, il apparaît que le montant consacré à ces extracteurs de données atteignait 19 millions de dollars en 2016, avant de croître rapidement en 2017, puis en 2018.

Chez Zhongke Ronghui Security Technology, une firme qui produit l’un des extracteurs de données dont le nom figure sur plusieurs bons de commande de la police, on affirme que « seules deux provinces dans tout le pays ne se servent pas » des appareils en question.

Aux dires du représentant de l’entreprise, les commissariats de partout en Chine peuvent consulter une base de données centralisée rassemblant toutes les données extraites. « Presque tous les postes de police auront cet équipement », poursuit le représentant.

Ces appareils ne semblent toutefois pas avoir encore largement fait leur apparition dans les grandes villes. Ainsi, aucune trace d’extracteurs de données dans les gares routières et ferroviaires de Pékin, ou encore sur la très surveillée Place Tiananmen.

Un policier en poste dans la gare centrale de la capitale a néanmoins confirmé que les autorités « avaient accès [à cette technologie] lorsque nécessaire ».

En Occident, et plus spécialement aux États-Unis, de tels extracteurs de données sont également utilisés, mais à condition de respecter un long processus judiciaire avant de « casser » le mot de passe d’un téléphone.

En Chine, si quelques entreprises soutiennent pouvoir faire sauter les verrous numériques, la police réussit habituellement à simplement pousser les individus interpellés à dévoiler leur code d’accès.

« Ce n’est pas sage de refuser », avance ainsi un responsable du ministère de l’Industrie et des Technologies de l’information.

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