Edward Snowden, l’ancien employé de la NSA

Edward Snowden, l’ancien employé de la NSA

Après cinq ans, il semblerait que la sécurité du consultant de la NSA devenu un lanceur d’alerte héroïque reste garantie tant qu’il se trouve en Russie.

Par SERAPHIM HANISCH

RT a rapporté vendredi soir que la Russie n’avait jamais envisagé de livrer Edward Snowden, l’ancien employé de la NSA devenu dénonciateur, aux Etats-Unis en échange de l’assouplissement des sanctions.

« Je n’ai jamais discuté d’Edward Snowden avec l’administration de [Donald Trump] », a déclaré Lavrov à Cathy Newman de Channel 4. Il a ajouté que le président Vladimir Poutine avait abordé la question il y a quelques années.

« Quand on lui a posé la question, il a dit que c’était à Edward Snowden de décider. Nous respectons ses droits, en tant qu’individu. C’est pourquoi nous n’étions pas en mesure de l’expulser contre sa volonté, car il s’est retrouvé en Russie sans même un passeport américain qui avait été suspendu au moment où il venait de Hong Kong », a rappelé Lavrov.

Snowden, l’homme à l’origine de la plus grande divulgation depuis des années de l’appareil de surveillance électronique américain, s’est retrouvé bloqué en Russie lorsque Washington a retiré son passeport alors qu’il passait par Moscou en provenance de Hong Kong.  Le gouvernement russe lui a finalement accordé l’asile politique. Snowden fait face à des poursuites aux États-Unis pour avoir divulgué des documents classifiés à un certain nombre de médias.

Le correspondant de Channel 4 a suggéré lors de l’interview que la Russie pourrait essayer de négocier Snowden pour la levée des sanctions américaines, lors de la prochaine réunion entre Poutine et Trump.

« Je ne sais pas pourquoi les gens iraient se poser cette question particulière dans le cadre du sommet. Edward Snowden est maître de son propre destin », a réitéré M. Lavrov.

Edward Snowden vit en Russie depuis 2013. Le 4 juin, date anniversaire de l’annonce par le Guardian britannique que la NSA espionnait illégalement – et massivement – les citoyens des États-Unis, le journal a interviewé M. Snowden par téléphone. Snowden a exprimé très clairement son point de vue :

Edward Snowden … est satisfait de la façon dont ses révélations sur la surveillance de masse ont secoué les gouvernements, les agences de renseignement et les grandes sociétés Internet.

… [M. Snowden] a rappelé le jour où son monde – et celui de beaucoup d’autres autour du globe – a changé pour de bon. Il s’est endormi dans sa chambre d’hôtel à Hong Kong et quand il s’est réveillé, la nouvelle que l’Agence de sécurité nationale avait balayé les données téléphoniques de millions d’Américains était en direct depuis plusieurs heures.

Snowden savait à ce moment-là que son ancienne vie était terminée. « C’était effrayant mais c’était libérateur », a-t-il dit. « Il y avait un sentiment que quelque chose était fini. Il n’y avait pas de retour possible. « 

À la fin de mai et au début de juin 2013, le consultant de la NSA a fui son travail et les États-Unis avec une masse de communications enregistrées de la NSA, du ministère de la Défense et des agences de renseignement américaines. Selon Wikipedia:

La taille exacte de la divulgation de Snowden est inconnue, mais les autorités australiennes ont estimé à 15 000 ou plus les dossiers de renseignements australiens  et les officiels britanniques estiment à au moins 58 000 fichiers de renseignements britanniques . La directeur de la NSA, Keith Alexander, a initialement estimé que Snowden avait copié de 50 000 à 200 000 documents de la NSA. Les estimations ultérieures fournies par les responsables américains étaient de l’ordre de 1,7 million, un nombre qui provenait initialement des points de discussion du ministère de la Défense . En juillet 2014, The Washington Post faisait état d’une cachette, précédemment fournie par Snowden dans le cadre d’opérations nationales NSA comprenant « environ 160 000 conversations interceptées par courrier électronique et messagerie instantané, certaines d’une longueur de plusieurs centaines de pages, et 7900 documents provenant de plus de 11 000 comptes en ligne. » Un rapport de la Defense Intelligence Agency américaine déclassifié en juin 2015 indiquait que Snowden avait pris 900 000 dossiers du ministère de la Défense, plus que ce qu’il avait téléchargé de la NSA. 

Cette information sur les activités de la NSA a été l’une des plus grandes nouvelles de 2013. Snowden a été encensé par beaucoup pour avoir dénoncé une pléthore de pratiques illégales de l’agence de renseignement pour laquelle il travaillait, et il a également été traité de traître par les Américains des deux partis politiques. Il est actuellement président de la Freedom of the Press Foundation, dont l’objectif est de protéger les journalistes contre le piratage et l’ingérence du gouvernement.

Ses révélations d’informations sensibles sont perçues par certains comme entraînant des changements positifs. Alors que la surveillance électronique des citoyens privés est plus omniprésente que jamais, comme le montrent ces deux  articles de Duran,  M. Snowden constate que des changements sont survenus:

« Les gens disent que rien n’a changé : qu’il y a toujours une surveillance de masse. Ce n’est pas comme cela qu’il faut mesurer le changement. Regardez en arrière avant 2013 et regardez ce qui s’est passé depuis. Tout a changé. »

Et même les agences de renseignement qu’il a dénoncées le reconnaissent, parfois de façon étrange :

Il y avait un plus pour les agences. Après avoir fait pas mal de nettoyage, ils ont été contraints de développer et d’installer des capacités nouvelles et meilleures plus rapidement que prévu. Un autre changement est survenu dans le domaine de la transparence. Avant Snowden, les questions des médias adressées au GCHQ recevaient généralement des réponses du type « No comment » alors que maintenant, il y a plus de volonté de coopérer.

Jeremy Fleming, le directeur de l’agence britannique de surveillance GCHQ (elle-même l’une des cibles de Snowden) a noté que Snowden a compromis la mission déclarée de l’agence, c’est à dire « garder le Royaume-Uni en sécurité ».

« Ce que Edward Snowden a fait il y a cinq ans était illégal et compromettait notre capacité à le faire, causant des dommages réels et inutiles à la sécurité du Royaume-Uni et de nos alliés. Il devrait rendre compte de cela. « 

Dans la déclaration de [M. Fleming], il s’est engagé à faire preuve d’ouverture, mais n’en a pas crédité Snowden, disant que le changement était antérieur à 2013. « Il est important que nous demeurions aussi ouverts que possible, et je m’engage dans la voie que nous avons entamée il y a plus de dix ans en vue d’une plus grande transparence « , a-t-il déclaré.

D’autres membres de la communauté du renseignement, en particulier aux États-Unis, créditeront à contrecœur Snowden d’avoir lancé un débat si nécessaire sur la ligne à établir entre la vie privée et la surveillance. L’ancien directeur adjoint de la NSA, Richard Ledgett, qui a pris sa retraite l’année dernière, a déclaré que le gouvernement aurait dû rendre public le fait qu’il y avait une collecte en masse de données téléphoniques.

L’ancien directeur du GCHQ, Sir David Omand, partageait l’évaluation de Fleming sur les dommages, mais admettait que Snowden avait contribué à l’introduction d’une nouvelle législation. « Un cadre juridique plus solide et plus transparent est maintenant en place pour la collecte de renseignements nécessaires. Cela se serait finalement produit, bien sûr, mais ses actions ont certainement accéléré le processus « , a déclaré M. Omand.

Le Congrès américain a adopté la Freedom Act en 2015, limitant la collecte massive de données téléphoniques. Le parlement du Royaume-Uni a adopté la Loi controversée sur les pouvoirs d’enquête un an plus tard.

Ross Anderson, éminent spécialiste de la cybersécurité et de la vie privée, considère les révélations de Snowden comme un moment capital. Anderson, un professeur d’ingénierie de sécurité au laboratoire informatique de l’Université de Cambridge, a déclaré : « Les révélations de Snowden sont l’un de ces instants qui modifient la façon dont les gens voient les choses. Ils n’ont peut-être pas beaucoup changé en Grande-Bretagne à cause de notre culture d’adoration de James Bond et toutes ses œuvres. Mais partout dans le monde, tout le monde a compris que la surveillance est vraiment un problème. « 

 Source : http://theduran.com/edward-snowden-fate-not-considered-a-bargaining-chip-in-upcoming-trump-putin-summit/

Traduction : Avic – Réseau International



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