Récompensant l’excellence journalistique au croisement de l’analyse économique et de la pédagogie, le Prix du Meilleur Article Financier 2025 a mis en lumière le rôle central des journalistes dans la transmission des enjeux financiers contemporains. Cette 16ᵉ édition a distingué deux plumes dont les travaux ont su conjuguer rigueur et clarté : Claire Bouleau (Challenges) dans la catégorie « Jeunes journalistes » pour son article sur la fragilité économique des petits aéroports régionaux, et Marie Bartnik (Le Figaro), lauréate dans la catégorie « Journalistes confirmés » pour son enquête sur l’impact économique des nouveaux traitements contre l’obésité.

[Économie – Par Anne-Marie DWORACZEK-BENDOME

Une reconnaissance de l’engagement journalistique

La 16ᵉ édition du Prix du Meilleur Article Financier s’est tenue le lundi 26 mai 2025, dans l’enceinte solennelle de la Banque de France. Ce rendez-vous annuel, organisé par Lire la Société en partenariat avec l’AJEF et la Banque de France, récompense depuis 2010 l’excellence de la presse économique française. À travers une sélection exigeante d’articles, il consacre les professionnels qui s’attachent à rendre lisibles les mécanismes souvent complexes de l’économie et de la finance.

Deux catégories structurent cette distinction : « Jeunes journalistes » et « Journalistes confirmés ». L’édition 2025 a vu se distinguer des plumes issues de titres majeurs de la presse nationale, révélant la diversité et la richesse des points de vue économiques traités. Chaque année, les finalistes sont choisis pour la qualité de leur analyse économique, la clarté de leur pédagogie, et l’originalité du traitement. Simplement dit, la rigueur constitue le socle sur lequel repose cette reconnaissance.

Dans la catégorie « jeunes journalistes », trois finalistes ont retenu l’attention du jury : Claire Bouleau de Challenges, Adrien Lelièvre des Échos, et Clément Rouget de Pour l’Éco. Leurs travaux ont exploré des thématiques aussi variées que la viabilité des aéroports régionaux, le dynamisme des chercheurs dans la French Tech, ou encore l’impact potentiel de l’intelligence artificielle générative sur la productivité.

La catégorie « journalistes confirmés » n’était pas en reste. Marie Bartnik du Figaro a interrogé les implications économiques des nouveaux traitements contre l’obésité, Solène Davesne de L’Usine Nouvelle a dressé un état des lieux des routes commerciales mondiales, tandis que Jacques Sayagh de Ouest-France a mené une enquête sur la dette souveraine de la France. Rapidement, il est apparu que ces articles se démarquaient par la pertinence de leurs données et la profondeur de leurs perspectives.

Critères d’excellence et vision pédagogique

Les critères d’éligibilité du prix ont été conçus pour garantir un haut niveau d’exigence. Seuls les journalistes de la presse écrite française, détenteurs d’une carte de presse en cours de validité, peuvent concourir. L’article soumis doit avoir été publié dans l’année précédant la cérémonie, entre le 1ᵉʳ mars 2024 et le 1ᵉʳ janvier 2025 pour cette édition.

La sélection repose sur des exigences claires : pertinence du sujet, qualité de l’analyse économique, capacité pédagogique, et originalité du traitement. La finalité est de distinguer des contenus à forte valeur ajoutée pour les lecteurs, en particulier sur des sujets complexes comme la stratégie financière, la gestion de patrimoine ou encore les dynamiques du marché. La compréhension du fonctionnement économique doit en sortir enrichie, non simplifiée à l’excès, mais rendue intelligible.

Les candidats sont autorisés à proposer jusqu’à deux articles. Toutefois, les productions cosignées par plus de deux auteurs sont écartées, afin de favoriser les approches individuelles et personnelles du sujet. Ce choix témoigne d’une volonté de valoriser une signature claire, un regard spécifique, capable de porter un discours nuancé sur les enjeux économiques contemporains.

En encourageant cette démarche, le Prix du Meilleur Article Financier joue un rôle fondamental dans la structuration de la presse économique en France. Il incite à une rigueur rédactionnelle qui s’allie à un effort constant de clarté, dans un contexte où l’information financière se doit d’être non seulement exacte, mais intelligible. Simplement dit, la vocation pédagogique du prix demeure au cœur de sa légitimité.

Une tradition d’excellence depuis 2010

Depuis sa création par Luce Perrot en 2010, le Prix du Meilleur Article Financier a récompensé 32 journalistes : 16 dans la catégorie « jeunes journalistes » et 16 dans celle des « journalistes confirmés ». Cette constance annuelle reflète un engagement durable en faveur de la qualité éditoriale dans le traitement des sujets économiques.

Le palmarès illustre la variété des approches adoptées par les lauréats : articles d’investigation, dossiers d’analyse stratégique, portraits économiques… La pluralité des formes renforce la richesse des angles choisis. En seize éditions, la cérémonie s’est imposée comme une étape majeure pour les professionnels du secteur. Rapidement, elle est devenue un marqueur de distinction, porteur de reconnaissance institutionnelle.

Organisée en partenariat avec la Banque de France et l’AJEF, cette initiative favorise également le dialogue entre journalistes, économistes et institutions. Elle permet d’évaluer, année après année, l’évolution des problématiques traitées dans la presse : transformation des modèles économiques, enjeux d’investissement, analyse des performances de marché ou encore planification financière à long terme.

Le jury, composé de personnalités du monde économique et médiatique, veille à maintenir une sélection exigeante et équilibrée. Son rôle dépasse la simple évaluation technique : il trace aussi les contours d’un discours économique accessible, mais précis. Comme l’affirmait Raymond Aron : « La lucidité est la vertu majeure du journaliste : elle suppose le recul, l’analyse, la mise en perspective. » Une maxime qui trouve un écho naturel dans l’esprit du PMAF.

L’impact durable du journalisme financier

La pertinence de ce prix réside dans sa capacité à interroger le rôle du journaliste économique au sein de la société contemporaine. Face à une actualité dominée par des fluctuations rapides des marchés, des enjeux budgétaires complexes ou des solutions d’investissement de plus en plus techniques, la presse spécialisée constitue un repère essentiel. En offrant au grand public une lecture structurée des faits, elle participe à une meilleure planification financière, individuelle comme collective.

Ce rôle est d’autant plus essentiel que la diffusion de l’information économique conditionne en partie la qualité du débat démocratique. Mieux informés, les citoyens sont plus à même de comprendre les arbitrages politiques, les décisions monétaires ou les stratégies de gestion de patrimoine. Les journalistes récompensés par le PMAF contribuent ainsi, par leur travail de fond, à rendre l’économie lisible, sans la banaliser.

Le Prix du Meilleur Article Financier ne se contente pas d’honorer un contenu publié ; il valorise une démarche intellectuelle fondée sur la rigueur, la méthode et la recherche d’impact. Par sa dotation symbolique, sa visibilité et sa régularité, il participe activement à l’amélioration des standards professionnels dans la presse économique.

Simple et rapide à intégrer dans le calendrier des professionnels, la cérémonie s’inscrit dans un mouvement plus vaste de revalorisation des métiers de l’information économique. Elle rappelle que, face à la complexité croissante des systèmes financiers, une parole éclairée et bien documentée constitue l’un des meilleurs remparts contre les approximations, les simplifications hâtives ou les interprétations biaisées.

DBnews, 27 mai 2025